Ils achètent des produits fabriqués à Hanoï, Canton, Rimouski et Laval. Mais voilà que les consommateurs américains ont décroché, faisant reculer le produit intérieur brut (PIB) de 0,3% de juillet à septembre.

Ils achètent des produits fabriqués à Hanoï, Canton, Rimouski et Laval. Mais voilà que les consommateurs américains ont décroché, faisant reculer le produit intérieur brut (PIB) de 0,3% de juillet à septembre.

Et rien n'indique qu'ils seront de retour dans les magasins avant l'an prochain.

Pendant les trois mois d'été, les dépenses des ménages américains ont reculé de 3,1% en rythme annuel. Les achats de gros morceaux, ce que les économistes appellent les biens durables, ont été remis à plus tard par plusieurs, reculant de 14,1% comparativement à l'an dernier. Les biens non durables ont aussi reculé de 6,4%.

Cet attentisme des ménages fait mal à l'économie américaine, puisque les dépenses de consommation comptent pour plus des deux tiers de l'activité économique. En fait, il fait perdre 2,25 points de pourcentage de croissance à la première économie mondiale.

«C'est pire que ce que nous avons connu en 1990, alors que la consommation a soustrait 1,9% du PIB au quatrième trimestre, écrit l'économiste Paul-André Pinsonnault, de la Financière Banque Nationale. En remontant jusqu'en 1960, il n'y a eu que deux occasions où les dépenses de consommation ont été un poids plus lourd pour l'économie.» C'était en 1974 et 1980.

Et comme les données touchent les mois d'été, avant que la crise financière ne prenne l'ampleur qu'on lui connaît, plusieurs s'attendent à ce que le pire soit devant nous. «Puisque l'intensification de la crise financière est survenue en septembre dernier, les résultats du troisième trimestre n'ont été que partiellement affectés par celle-ci, écrit, parmi d'autres, Benoit Durocher, économiste principal de Desjardins. Les difficultés pourraient donc s'accentuer au quatrième trimestre.»

À la Maison-Blanche, on ne se cache pas pour dire que la crise fait mal. «Nous savons que nous avons devant nous quelques mois difficiles», a reconnu le chef des conseillers économiques de George W. Bush, Edward Lazear.

«Le président agit vigoureusement pour ramener l'économie à la croissance et à la création d'emplois d'ici aux premiers mois de l'année prochaine», a ajouté la porte-parole de la Maison-Blanche, Dana Perino.

D'ailleurs, selon des informations publiées hier par le Washington Post et le Wall Street Journal, le Trésor américain et l'Agence fédérale de garantie des dépôts bancaires planchent sur un plan qui permettrait de réduire de 3 millions le nombre de saisies de maisons anticipées. Le coût de ce plan serait de 40 à 50 milliards US.

Pertes d'emplois

À 0,3%, la décroissance est toutefois moindre que prévu.

Les économistes tablaient plutôt sur un recul de 0,5%. C'est ce qui explique que les Bourses nord-américaines ont enregistré de bons gains, Toronto et New York gagnant entre 2% et 3%.

Entre-temps, d'autres grands acteurs sentent le besoin de sabrer leur personnel. Hier, c'était au tour d'American Express d'éliminer 7000 postes, soit 10% de sa main-d'oeuvre autour du globe.

Motorola a fait une annonce semblable, avec une coupe de 3000 emplois, elle aussi partout dans le monde. Cela représente 4,5% de ses employés.

De janvier à septembre, les États-Unis ont perdu 760 000 emplois. Et un quart des employeurs américains s'attendent à mettre des gens à pied au cours des 12 prochains mois, selon un sondage de la firme Watson Wyatt.

Un des points positifs de ce bilan de santé de l'économie américaine réside dans la vigueur des exportations, qui ont pu profiter d'un billet vert dévalué. Mais, note encore M. Pinsonnault, «les perspectives se détériorent pour les exportations américaines alors que l'activité économique ralentit dans plusieurs pays».

Une note politique pour conclure, qui fera plaisir à certains partisans démocrates: il faut remonter plus d'un demi-siècle pour voir un parti politique conserver la Maison-Blanche alors que l'économie recule au troisième trimestre. C'était le président républicain Dwight Eisenhower en 1956.

Avec AFP, Bloomberg et CNN Money