Le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn a été blanchi samedi de toute accusation d'abus de pouvoir dans l'affaire d'une liaison extra-conjugale par un conseil d'administration décidé à le garder à son poste.

Le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn a été blanchi samedi de toute accusation d'abus de pouvoir dans l'affaire d'une liaison extra-conjugale par un conseil d'administration décidé à le garder à son poste.

Le conseil d'administration FMI, qui avait mandaté l'été dernier un cabinet d'avocats privé pour enquêter sur la liaison de l'ancien ministre français avec une subordonnée ayant depuis quitté l'institution, s'est contenté de pointer du doigt une «grave erreur de jugement».

Le doyen du conseil Shakour Shaalan, un Egyptien représentant plusieurs arabes à l'institution, a précisé que l'organe dirigeant, réuni «dans une ambiance très, très positive» était parvenu à la conclusion que cette affaire, révélée au public le 18 octobre, «n'affecte en rien l'efficacité» de M. Strauss-Kahn.

«Nous continuerons à travailler avec lui», a-t-il ajouté, soulignant que «le directeur général est très compétent dans l'exercice de ses fonctions».

«S'il y a une part de confiance qui a été perdue, il la retrouvera très bientôt», a-t-il précisé, en indiquant toutefois que «certains membres du personnel, surtout des femmes, ne sont pas du tout contents» de l'incident.

Mais, a-t-il précisé, M. Strauss-Kahn a déjà présenté lundi ses excuses au personnel, et «je ne crois pas qu'on puisse lui demander d'en faire plus».

L'institution, qui est l'un des acteurs de premier plan ces dernières semaines avec l'explosion de la crise financière, avait révélé le 18 octobre l'ouverture d'une enquête sur son directeur, à la suite d'une relation extra-conjugale entre M. Strauss-Kahn, 59 ans, et une ancienne haute responsable d'origine hongroise du département Afrique du FMI, mariée.

M. Strauss-Kahn, ancien ministre français des Finances, est considéré comme l'une des plus éminentes figures politiques européennes en matière d'économie.

Il a été nommé en septembre 2007 à la tête du FMI pour le réformer en profondeur, quelques mois après le scandale provoqué par la révélation que la compagne du patron de la Banque mondiale Paul Wolfowitz avait bénéficié de conditions très généreuses de l'institution.

L'affaire concernant la vie privée de M. Strauss-Kahn tombait particulièrement mal alors que le FMI, qui réunit 185 pays, multiplie les interventions pour contenir les retombées de la crise financière mondiale actuelle.

L'enquête établit notamment que M. Strauss-Kahn et Piroska Nagy, dont le nom n'est cité nulle part mais dont l'identité a été dévoilée la semaine dernière par le Wall Street Journal, ont tous deux «consenti et se sont activement engagés» dans leur liaison.

La jeune femme, dont le mari avait découvert la liaison, a quitté le FMI l'été dernier pour prendre un poste à la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD).

L'enquête a établi qu'elle n'avait bénéficié d'aucun traitement de faveur, alors qu'elle participait au programme de départs volontaires mis en place par le Fonds, qui a touché quelque 600 personnes.

De quoi conclure, comme l'a fait le conseil d'administration du FMI, qu'«il n'y a pas eu de harcèlement, ni de favoritisme ni aucun autre abus de pouvoir (commis) par le directeur général».

Pour autant, interrogé sur ce qui pouvait être reproché à M. Strauss-Kahn, M. Shaalan a souligné que «le comportement personnel du directeur général (du FMI) donne le ton pour l'institution, il doit être au-dessus de tout reproche».

M. Strauss-Kahn s'est marié en 1991 en troisièmes noces avec la journaliste française Anne Sinclair, qui dimanche dernier avait expliqué que le couple avait «tourné la page» sur «une aventure d'un soir».

M. Strauss-Kahn avait pour sa part annoncé mercredi qu'il avait l'intention de «poursuivre judiciairement avec détermination» ceux qui relaieraient «des rumeurs malveillantes» à son encontre.

Le Premier ministre français François Fillon avait qualifié lundi l'enquête visant M. Strauss-Kahn d'«affaire totalement privée».