Tandis que les Québécois fêteront la Saint-Jean en profitant d'une journée chômée et payée, les membres du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale jaugeront les grands risques qui pèsent sur l'économie américaine.

Tandis que les Québécois fêteront la Saint-Jean en profitant d'une journée chômée et payée, les membres du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale jaugeront les grands risques qui pèsent sur l'économie américaine.

La poussée récente des prix des produits de base a propulsé le taux d'inflation au-dessus des 4% le mois dernier, soit bien plus que le taux jugé acceptable. Les chances qu'ils fassent tache d'huile augmentent puisque l'indice des prix des produits industriels a bondi de 1% en un seul mois. Cela signifie ou bien que les fabricants tenteront de refiler l'ardoise au consommateur ou qu'ils se résigneront à rogner leurs profits, partis pour afficher une troisième baisse trimestrielle d'affilée ce printemps.

En même temps, l'économie américaine donne des signaux divergents sur son état de santé.

Ainsi, le petit repli des demandes initiales d'assurance-chômage, jumelé à une modeste remontée de l'indicateur avancé, annoncés la semaine dernière, ont de quoi encourager les autorités monétaires. Pourtant, le nouveau recul des mises en chantier et des permis de bâtir, la baisse de la production industrielle en mai et l'aggravation du déficit du compte courant au premier trimestre ont de quoi les faire sourciller.

Le temps d'une pause

Les 96 économistes américains sondés par l'agence Bloomberg s'attendent à ce que la Fed reconduise mercredi après-midi son taux directeur, fixé à 2%, le 30 avril. Il s'agirait de la première pause depuis septembre. Avant d'amorcer une radicale détente monétaire, le taux directeur s'élevait à 5,25%.

En annonçant ce qui semble la dernière baisse du taux directeur au cours du présent cycle, la Fed avait précisé que "l'allègement substantiel de la politique monétaire à ce jour, combiné aux mesures en cours pour accroître la liquidité des marchés devraient promouvoir une croissance modérée à terme".

Le communiqué insistait aussi beaucoup sur les incertitudes qui pesaient quant aux risques d'inflation. Deux des 11 membres du comité monétaire s'étaient d'ailleurs opposés à l'ultime baisse du taux directeur, ayant préféré le statu quo.

Dans les circonstances, si les experts devaient à nouveau se tromper, ce serait parce que la Fed aura choisi de relever son taux avant même que l'économie américaine n'ait montré assez de tonus.

Certes, le Fonds monétaire international a relevé vendredi quelque peu sa prévision de croissance pour l'année en cours et la prochaine. L'expression «récession modeste» ne figure plus dans sa présentation. Le FMI préconise donc une rapide remontée des taux pour contenir l'inflation.

Toutefois, les banques américaines ne se sont pas encore toutes purgées de leurs mauvaises créances. La dégradation des prêts hypothécaires commerciaux fait peser une réelle menace sur le bilan de plusieurs, les petites banques régionales en particulier.

Il semble un peu tôt pour serrer la vis alors que les banques peinent encore à refiler à leurs clients, particuliers et entreprises, la baisse considérable du loyer de l'argent consentie par la Fed.

À la différence de la Banque du Canada ou de la Banque centrale européenne, la Fed n'a pas pour seule tâche de juguler l'inflation. Elle a pour double mandat d'assurer la stabilité des prix et de favoriser la croissance.

Seule la perspective d'une nouvelle dépréciation du dollar américain pourrait la contraindre à une hausse dès mercredi, car la faiblesse du billet vert attise l'inflation.