Cette fois, la remontée n'a pas eu lieu. Contrairement à ce qui s'était passé la veille, les marchés nord-américains ont perdu beaucoup de terrain hier, sans jamais pouvoir le reprendre.

Cette fois, la remontée n'a pas eu lieu. Contrairement à ce qui s'était passé la veille, les marchés nord-américains ont perdu beaucoup de terrain hier, sans jamais pouvoir le reprendre.

Tandis que les prévisions économiques de la Réserve fédérale s'assombrissent encore et que les craintes déflationnistes se pointent, les principaux indices ont même enregistré un ultime repli dans la dernière heure de transactions.

Si bien qu'un stratège cité par l'agence Bloomberg a parlé d'un «jour affreux» pour qualifier la séance. Les trois indices phares des marchés américains ont reculé à des niveaux jamais vus depuis 2003.

Le Dow Jones a reculé tout juste sous les 8000 points, cessant sa chute à 7997,28 points, soit 5,1% de moins que la veille. Le NASDAQ a reculé de 6,5%, à 1386,42 points. Le S&P 500 a perdu 6,1% pour clôturer à 806,58 points.

La grande inquiétude qui entoure le secteur automobile ne s'est pas dissipée. Alors que leurs principaux dirigeants supplient Washington de leur porter secours, les titres de Ford et General Motors ont respectivement perdu 25% et 9,7%, pour terminer la séance à 1,26 et 2,79$US.

La banque américaine Citigroup est l'une des nombreuses financières à avoir trouvé la journée longue. Le titre a perdu 23% pour se retrouver à 6,40$US. Citigroup a annoncé en après-midi son intention de rapatrier les derniers actifs détenus par ses véhicules d'investissement structurés, investis essentiellement en titres adossés à des subprimes.

À Toronto, le S&P/TSX s'est mieux tiré d'affaire dans les circonstances, malgré un fort recul du secteur financier - les titres de la Banque Scotia et de la Banque de Montréal ont respectivement perdu 5,2 et 6,2% de leur valeur. Même si son score final de 8490,56 points représente un niveau jamais vu depuis septembre 2004, le TSX n'a perdu que 3,9%.

Quant au dollar canadien, il ne valait plus que 79,83 cents US à la fermeture, soit 1,48¢ de moins que la veille.

Chercher le fond

«Les marchés cherchent le fond», a dit Bob Gorman, stratège en chef chez TD Waterhouse, dans un entretien avec La Presse Affaires, hier matin.

Selon lui, on le cherchera encore quelque temps, et il ne faut pas s'attendre, à court terme, à des changements dramatiques par rapport aux niveaux actuels.

«En ce moment, les liquidations des hedge funds et les rachats de fonds communs se poursuivent, explique M. Gorman. En plus, il y a l'élément saisonnier de prise de pertes pour des raisons fiscales. À court terme, tous ces éléments jouent contre le marché.»

Le stratège ajoute que dans un marché baissier, plusieurs investisseurs vendent dès qu'il y a un rebond. «Cela tend à limiter les relances, note-t-il. Je suspecte que nous allons rebondir comme ça pendant un certain temps.»

Selon Bob Gorman, il faut garder un oeil sur la volatilité. «Nous avons aussi eu une volatilité extrêmement grande. Lorsque certaines pressions à la vente vont diminuer, je m'attends à ce que la volatilité commence à diminuer aussi, même si elle devrait rester au-delà de la moyenne.»

À partir de ce moment, le marché pourrait gagner une certaine «traction» et reprendre de la vigueur, croit M. Gorman.

Selon lui, ce pourrait arriver au premier semestre de l'année 2009, peut-être même dès le premier trimestre.

Le pétrole vers les 50$

Le baril de pétrole a fini la journée à 53,62$US hier à New York, une baisse de 0,77$ pour le light sweet crude. Ce nouveau repli des prix du baril n'est pas étranger à la baisse de la consommation de produits pétroliers aux États-Unis. Au cours des quatre dernières semaines, elle a reculé de 7%.

«Je ne serais pas surpris que le baril touche les 50$ et qu'il passe sous cette barre pour quelque temps, commente Bob Gorman. Il y a des pressions à la baisse, la demande est faible. Les prix vont rebondir, mais pas immédiatement.»

M. Gorman rappelle que la demande non physique (les investisseurs, par opposition aux usagers) avait été en grande partie responsable de la hausse des prix. Maintenant, «cette demande a quitté le marché, et je ne vois pas quand elle va revenir».