L'industrie nord-américaine de l'automobile, dont l'Ontario est le principal producteur au pays, pourrait être sauvée si les gouvernements sabraient leurs taxes de vente de 2% durant neuf mois.

L'industrie nord-américaine de l'automobile, dont l'Ontario est le principal producteur au pays, pourrait être sauvée si les gouvernements sabraient leurs taxes de vente de 2% durant neuf mois.

C'est du moins la proposition de Dennis DesRosiers, des consultants ontariens DesRosiers Automotive Consultants, à l'heure où le Congrès américain et les 11 gouvernements au Canada débattent de la meilleure planche de salut à offrir à la plus importante industrie du continent.

La Presse Affaires a obtenu le texte du discours que prononcera Dennis DesRosiers en Espagne, aujourd'hui, sur ce sauvetage.

Avec une aide d'urgence, les trois grands constructeurs nord-américains veulent s'acheter du temps pour terminer leur restructuration, durant le pire cycle baissier depuis longtemps, note Dennis DesRosiers.

L'analyste reconnaît volontiers que GM, Ford et Chrysler ont commis des erreurs dans le passé, mais ils corrigent le tir rapidement et devraient sortir du pétrin, à terme.

Ainsi, l'Amérique du Nord sauverait par ailleurs sept millions d'emplois directs et des millions d'autres, indirects, à un moment crucial de la conjoncture économique, dit-il.

Si Washington aidait «son» industrie automobile, cela laisserait le secteur canadien en plan. Ottawa et les provinces pourraient répliquer en sabrant leurs taxes de vente de 2%, durant neuf mois, sur tous les véhicules neufs vendus. L'Ontario pourrait aller plus loin. Des clients sauteraient ainsi sur l'occasion et les ventes augmenteraient de 200 000 à 330 000 au Canada, estime Dennis DesRosiers. Les nouveaux modèles sont déjà jusqu'à 25% moins énergivores et polluent deux fois moins que ceux d'il y a 10 ans.

Entre-temps, les constructeurs auraient le temps de terminer leurs travaux sur de nouveaux véhicules encore plus efficaces.

Car l'auto nord-américaine n'a de l'avenir que si elle augmente encore ses investissements dans l'innovation, déjà évalués à près de 35 milliards de dollars par année. L'industrie nord-américaine et celle de l'Asie lanceraient ainsi de 50 à 60 nouveaux véhicules par année, par rapport à 25 à 35 il y a 10 ans, indique Dennis DesRosiers.

Cela multiplie les occasions d'affaires pour les fournisseurs qui voudront investir, former la main-d'oeuvre, sabrer le nombre de pièces par véhicule, selon le conférencier.

Des groupes comme GM et Toyota (qui exploite plusieurs usines en Ontario et aux États-Unis) deviendraient ainsi encore plus forts d'ici 2020. Deux autres constructeurs pourraient émerger de la bataille, en bonne santé, mais plusieurs devraient se trouver des créneaux de marché, pour survivre, craint Dennis DesRosiers.

La demande reviendra

Les véhicules de GM, Ford et Chrysler s'améliorent, mais ils doivent concurrencer ceux de cinq autres constructeurs bien implantés en Amérique du Nord, note le consultant. Après septembre 2001, les Trois Grands ont lancé des programmes d'encouragement coûteux, qui ont gonflé les ventes, mais la crise financière et le cycle baissier viennent de les mettre à genoux. La fin de la location de véhicules subventionnée par les trois constructeurs force les clients américains à s'endetter pour acheter, alors qu'ils n'en ont plus les moyens.

Par contre, Dennis DesRosiers assure que l'auto a de l'avenir, que la demande reviendra en force, si l'on donne un peu de temps à l'industrie pour prendre des bouchées doubles dans la restructuration, durant de quatre à six trimestres.