À 24 heures d'un verdict du CRTC qui pourrait venir bouleverser son modèle d'affaires, Astral Media (T.ACM.A) n'avait pas la tête à discuter de partage de redevances avec les télés généralistes. L'entreprise célébrait plutôt hier la fin de son année financière... et ses profits à la hausse.

À 24 heures d'un verdict du CRTC qui pourrait venir bouleverser son modèle d'affaires, Astral Media [[|ticker sym='T.ACM.A'|]] n'avait pas la tête à discuter de partage de redevances avec les télés généralistes. L'entreprise célébrait plutôt hier la fin de son année financière... et ses profits à la hausse.

L'entreprise a terminé le quatrième trimestre avec un bénéfice net en légère hausse de 5% et conclut l'année avec une hausse de 35%. Ces chiffres ont réjoui les investisseurs, qui ont fait grimper l'action d'Astral de 1,32$ ou 4,95% à 28$

Même la perte des Grandes Gueules à Radio Énergie, qui avait fait mal à Astral au trimestre dernier, semble chose du passé.

La décision des deux humoristes d'aller continuer leur carrière sur scène plutôt que sur les ondes avait fait plonger les revenus de la radio au Québec de 7% au troisième trimestre. Le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) avait connu un plongeon encore plus dramatique de 21%.

Les nouveaux chiffres du quatrième trimestre - croissance de 9% des revenus et du BAIIA dans la radio au Québec - réjouissent le président et chef de la direction, Ian Greenberg. «Remplacer une émission si dominante prend du temps, a dit hier M. Greenberg au cours d'une téléconférence. Nous avons une nouvelle émission sur les ondes (Dominic et Martin). Ça a pris un peu de temps, mais ce que nous voyons au quatrième trimestre, ce sont des auditoires à peu près similaires à ce qu'on voyait avant.»

Astral est l'une des plus grandes entreprises média du pays et fait autant dans la télé (chaînes spécialisées ou payantes comme MusiquePlus, Canal Vie et Super Écran) la radio (Énergie et Rock Détente) et l'affichage extérieur. Elle a vu ses revenus grimper dans chacun des créneaux en 2008, mais de façon très inégale (5% en télé, 156% en radio, grâce entre autres à l'acquisition de Standard Radio, et 45% en affichage extérieur).

Pour M. Greenberg, un autre signe encourageant dans les résultats d'hier est «le retour de la croissance» chez les utilisateurs de la télé payante. Astral a mis le grappin sur 10 000 auditeurs supplémentaires au cours du quatrième trimestre, alors qu'il en avait perdu 15 000 à la même époque l'an dernier.

La crise et encore la crise

Impossible d'y échapper: on a beaucoup parlé de crise financière hier durant la téléconférence. La semaine dernière, Robert Bek, analyste des télécoms chez Marchés mondiaux CIBC, avait abaissé son prix cible sur l'action d'Astral de 43$ à 34$.

M. Bek s'était dit préoccupé par la difficulté de dénicher des annonceurs en contexte de ralentissement économique, mais aussi par le fait que les chaînes spécialisés et payantes pourraient être les premières à être coupées par les ménages en temps difficiles.

«Historiquement, le nombre d'abonnés à la télévision payante n'a pas été affecté en périodes de ralentissements économiques, a répondu hier M. Greenberg. Les consommateurs réduisent leurs dépenses comme les sorties au restaurant, mais ont tout de même besoin de divertissement et restent à la maison.»

«Il ne fait aucun doute que l'année qui s'en vient présentera davantage de défis, mais nous avons déjà affronté des ralentissements économiques dans notre histoire», a aussi dit le grand patron.

Astral a aussi révélé hier qu'elle sera intéressé à discuter avec la Société de transport de Montréal, qui gère plusieurs sites d'affichages publicitaires dont les abribus, lorsque son contrat avec son fournisseur actuel prendra fin en 2011.

Astral n'a par ailleurs pas voulu spéculer sur la décision du CRTC, qui pourrait obliger aujourd'hui les chaînes spécialisés à distribuer une partie de leurs redevances aux chaînes généralistes (voir autre texte).

«On a été très actif dans le dossier et on attend la décision demain (aujourd'hui). Nous croyons que nous avons réussi à convaincre la commission que ce qui n'a pas besoin d'être changé ne devrait pas être changé», a dit M. Greenberg.