La thérapie de choc administrée par les banques centrales et les gouvernements pour remédier à la grave crise mondiale du crédit commençait à porter ses fruits mardi, les tensions sur les marchés monétaires s'étant encore apaisées.

La thérapie de choc administrée par les banques centrales et les gouvernements pour remédier à la grave crise mondiale du crédit commençait à porter ses fruits mardi, les tensions sur les marchés monétaires s'étant encore apaisées.

Le marché des prêts que se consentent les banques les unes aux autres se détendait ainsi mardi poursuivant un mouvement entamé il y a dix jours.

Le taux offert à Londres et exprimé en dollars (Libor) à 3 mois est descendu à 3,8337%, tombant pour la première fois sous les 4% depuis le 19 septembre. Il était monté jusqu'à 4,8187% le 10 octobre.

À 4,959%, l'Euribor à trois mois, l'un des principaux taux de référence du marché monétaire de la zone euro, est pratiquement revenu à son niveau du 12 septembre, avant le dépôt de bilan de la banque d'affaires Lehman Brothers, le 15 septembre, qui marque le début de la phase aiguë de la crise.

Mais le chemin reste long. «Cela équivaut à dire que le patient est au mieux depuis qu'il a eu sa crise cardiaque», ironisait sur son blogue Yves Smith, une observatrice des milieux financiers.

La banque suisse UBS relevait lundi «quelques signes de normalisation» mais rappelait que depuis le début de 2007, le Libor en dollars à trois mois n'était que de très peu supérieur au taux directeur de la Réserve fédérale américaine (0,08 point en moyenne). Mardi, il le dépassait encore de 2,34 points.

«Nous voyons une légère amélioration, une légère détente sur le marché interbancaire, mais pas encore de percée», a confirmé mardi le chef économiste de la Banque centrale européenne (BCE), Jürgen Stark.

Entre la mi-septembre et le 10 octobre, la défiance se généralisant, les taux d'intérêt avaient grimpé pour tous les emprunteurs privés, dans le sillage des taux interbancaires. Face à cette situation risquant de déboucher sur des faillites d'entreprise en masse, les autorités américaines et européennes ont employé les grands moyens.

Il y eut la baisse coordonnée des taux des banques centrales le 8 octobre, le plan de soutien aux huit plus grandes banques britanniques le même jour, le plan d'action contre la crise édité par le groupe des sept pays les plus riches (G7) le 10 octobre, et la décision par les gouvernements de la zone euro de garantir les prêts interbancaires le 12.

Les banques centrales ont aussi fourni toutes les liquidités possibles à des banques avides de les emprunter, mais pas disposées à les prêter à leur tour.

«Il y a deux manières de faire baisser les taux interbancaires: augmenter l'offre ou faire baisser la demande. L'offre n'amorce pas encore de vraie reprise, mais, les banques centrales inondant le marché, la demande se réduit, faisant baisser les taux», expliquaient les analystes de BNP Paribas.

«Les marchés financiers ont réagi avec un grand mouvement traduisant leur soulagement, mais la réalité est que ces mesures vont mettre un temps important à réparer les dégâts occasionnés, pendant lequel les marchés resteront extrêmement vulnérables», selon l'économiste américain Thomas Palley.

Le marché du crédit «ne se débloque pas parce que les banques se voient les unes les autres comme fondamentalement en meilleure santé, mais plutôt parce que les gouvernements et la Fed (...) ont promis de prêter autant de dollars que nécessaire», a renchéri Peter Morici, professeur d'économie à l'Université du Maryland.