La Société générale de financement (SGF) a été contrainte de réinjecter 15,4 millions de dollars dans Alliance Films puisque ce distributeur de films de Montréal ne respectait plus les conditions de son financement.

La Société générale de financement (SGF) a été contrainte de réinjecter 15,4 millions de dollars dans Alliance Films puisque ce distributeur de films de Montréal ne respectait plus les conditions de son financement.

C'est ce que l'on apprend inopinément dans un communiqué de presse publié hier après-midi par l'agence de notation de crédit Moody's. Dans ce communiqué, cette agence new-yorkaise décote Alliance Films. La cote de crédit du distributeur montréalais recule d'un cran, de «Caa1» à «Caa2».

Cette nouvelle cote reflète «l'endettement élevé, les maigres liquidités et les risques associés à la qualité des films et au renouvellement des contrats», indique l'agence new-yorkaise. Rappelons qu'Alliance perdra en 2009 l'important contrat de distribution des films du studio New Line Cinema.

Moody's ajoute, en outre, que les perspectives d'Alliance sont «négatives».

Il s'agit de la deuxième décote de Moody's depuis que la SGF a investi 100 millions de dollars dans Alliance à la mi-janvier. L'agence new-yorkaise avait décoté Alliance une première fois en avril, au même moment que Standard&Poor's.

Les deux agences craignaient qu'Alliance, endetté en raison de son rachat par adossement à ses actifs, soit incapable de faire face à ses obligations financières.

À l'époque, les deux agences de notation de crédit avaient évoqué la possibilité que les actionnaires d'Alliance, la SGF et la banque d'affaires américaine Goldman Sachs, doivent réinjecter des fonds dans l'entreprise.

C'est ce qu'ils ont fait l'été dernier en réinvestissant 40 millions dans Alliance; conformément à sa participation de 38,5%, la contribution de la SGF s'est élevée à 15,4 millions de dollars.

Ces 40 millions ont permis à Alliance de respecter les ratios d'endettement financier fixés par ses créanciers. L'agence se préoccupe toutefois du respect des conditions de financement d'Alliance au 30 juin 2009.

«À moins que l'entreprise n'améliore de façon notable ses résultats d'exploitation, renégocie ses termes d'emprunts ou ne reçoive une nouvelle injection de fonds de ses actionnaires, Alliance aura du mal à respecter les termes de ses emprunts», écrit Moody's.

La SGF -qui n'a pas jugé bon de publier un communiqué sur son réinvestissement- ne prévoit pas injecter de nouveaux fonds à court terme, affirme Christian Lessard, vice-président, communications, de la société d'État.

Les soucis financiers qu'Alliance suscite à la SGF ne sont pas sans rappeler les déboires de la Caisse de dépôt et placement du Québec, qui avait flambé 300 millions de dollars à Hollywood.

«Le risque associé à cette industrie n'est pas si grand», avait affirmé en janvier le PDG de la SGF, Pierre Shedleur, qui se décrivait alors comme «un comptable agréé conservateur». Ainsi, Pierre Shedleur s'attendait-il à un rendement de 10% à 15% sur l'investissement initial de 100 millions.

La SGF regrette-t-elle aujourd'hui de s'être lancée dans la distribution de films, une aventure qui s'apparente à un film d'horreur? Christian Lessard affirme que non. Il évoque le déménagement du siège social de Toronto à Montréal, qui a fait grimper de 40 à 80 le nombre de professionnels qui travaillent dans les bureaux de la rue Saint-Antoine.

«C'est sûr qu'il y a eu comme on dit des bumps on the road (NDLR: petits obstacles sur notre chemin), mais nous ne sommes pas inquiets de notre investissement», dit Christian Lessard. Alliance exécutera son plan d'affaires comme prévu et redressera sa situation financière, ajoute-t-il.