La pluie abondante des dernières semaines malmène les récoltes du Québec. Des baisses de production de 20 à 25% sont attendues pour de nombreux fruits et légumes. Si la pluie se poursuit, ce chiffre pourrait doubler, s'inquiètent des agriculteurs.

La pluie abondante des dernières semaines malmène les récoltes du Québec. Des baisses de production de 20 à 25% sont attendues pour de nombreux fruits et légumes. Si la pluie se poursuit, ce chiffre pourrait doubler, s'inquiètent des agriculteurs.

«Ça va facilement évoluer vers les 40 à 45% si la pluie se prolonge» confirme André Plante, directeur de l'Association des jardiniers maraîchers du Québec.

Le panier d'épicerie pourrait alors coûter plus cher: «Si la pluie continue, le consommateur devrait ressentir l'impact de la mauvaise météo», dit M. Plante.

Pour l'instant, le consommateur devrait être épargné par des hausses de prix, puisque ceux-ci sont influencés par une série de facteurs, dont le rendement des récoltes au Québec n'est pas le plus important.

Le prix du pétrole, l'état des récoltes ailleurs dans le monde, de même que la popularité changeante d'un fruit ou d'un légume influent aussi grandement sur les prix.

«Le prix de base des fruits et légumes est fixé en Californie, le Québec est trop petit pour avoir un impact majeur, donc actuellement ça ne cause pas de hausses substantielles», explique Gerry Van Winden, président de VegPro.

VegPro, un producteur de laitues établi à Sherrington, en Montérégie, est touché par une quantité et une fréquence des pluies qualifiées d' «exceptionnelles».

Son président s'attend jusqu'ici à une baisse de 20% de sa production: «Le même genre de météo semble se reproduire de semaine en semaine. Les "heures de mouillure" sont très élevées», déplore-t-il.

L'abondance d'eau tombée dans le sud du Québec menace les laitues non seulement en asphyxiant leurs racines, mais aussi à cause de l'humidité qu'elle produit.

L'humidité offre, au détriment de la laitue, de «très bonnes conditions» à la prolifération de champignons et au développement de maladies.

Le bulletin du Conseil québécois de l'horticulture qui dresse un état hebdomadaire de différentes cultures, confirmait d'ailleurs hier les conditions difficiles pour la laitue: «Le calibre des laitues récoltées diminue, tout comme le poids et la densité», indiquait-il dans sa dernière édition.

Québec y goûte

La région de Québec est l'une des régions les plus affectées par les mauvaises conditions météo des dernières semaines.

«On a eu 21 jours de pluie sur 31 en juillet! Il est tombé 432 mm de pluie en un mois!» déplore Louis Gosselin, un producteur de fraises et de framboises de l'Île-d'Orléans.

M. Gosselin qualifie sa production de framboises de l'été de «désastreuse», en chute de 50% par rapport à l'an dernier: «C'est une des pires années. Dans ce cas-ci on est en bas du seuil de rentabilité».

Sa production de fraises a donné jusqu'ici une récolte plus normale, mais M. Gosselin s'inquiète de la deuxième récolte des fraises dites «d'automne»: «C'est très, très ralenti, il fait déjà très froid.»

Le constat est le même à la coopérative La Mauve, qui regroupe une dizaine de producteurs maraîchers bio de la grande région de Québec: «On prévoit des baisses de 30% sur les légumes», dit la directrice, Marie Lacasse.

«Les producteurs de betteraves et d'épinards sont les plus touchés. Les températures sont trop froides et trop humides pour la germination.»

Pour autant, la plupart des producteurs consultés par La Presse Affaires ne paniquent pas: «L'an dernier a été une année de récolte exceptionnelle et j'ai dû faire de l'engrais avec mes brocolis», explique Alain Cousineau, de Jardins Paul Cousineau et Fils, le plus gros producteur de brocoli au Canada, établi à Saint-Constant.

Une partie de la production, excédentaire, avait dû être sacrifiée pour éviter d'inonder le marché.

«Ce que nous voudrions, c'est juste des années normales», dit M. Cousineau.