Fatigués d'entendre parler d'usines qui ferment et de travailleurs à la rue? Regardez du côté de l'aéronautique.

Fatigués d'entendre parler d'usines qui ferment et de travailleurs à la rue? Regardez du côté de l'aéronautique.

Le secteur prévoit créer 30 emplois au Québec cette année... chaque semaine. Et pas besoin d'avoir un doctorat en mécanique des fluides pour en décrocher un.

Des mécaniciens aux ingénieurs, en passant par les monteurs et les machinistes, l'industrie aérospatiale devrait créer 1600 emplois en 2008, si on en croit les intentions d'embauche des 221 entreprises sondées par le Comité sectoriel de main-d'oeuvre en aérospatiale du Québec (CAMAQ).

En comptant les départs à la retraite et les départs volontaires, c'est 5300 postes qu'il faudra pourvoir cette année.

Une sacrée bonne nouvelle pour Marc-Olivier Ouellet, 19 ans, qui termine sa formation en montage mécanique au printemps.

«On savait déjà que les débouchés étaient très bons, a dit le jeune homme à La Presse Affaires. L'an passé, les 14 élèves du groupe ont tous été engagés chez Pratt & Whitney.»

Comme lui, une bonne partie des 650 élèves de l'École des métiers de l'aérospatiale ont déposé leurs outils mardi pour aller écouter le ministre de l'Emploi et de la Solidarité sociale, Sam Hamad, leur dire qu'ils pouvaient espérer de bons salaires en sortant de l'école.

«Quand j'étais jeune, mes parents me disaient qu'il fallait faire des études universitaires pour réussir. Aujourd'hui, ça a changé», a dit le ministre.

Les chiffres dévoilés hier reposent sur un sondage mené en novembre et n'incluent pas les annonces découlant des contrats militaires dévoilés le mois dernier.

Boeing avait annoncé des contrats de 420 millions pour l'industrie québécoise, tandis que Lockheed Martin y était allée d'une distribution de 240 millions.

«Le secteur est fort et en pleine croissance, et l'avenir s'annonce prometteur, a lancé Serge Tremblay, directeur général du Comité sectoriel de main-d'oeuvre en aérospatiale. Toutes les études prédisent une croissance du chiffre d'affaires de plus de 5% par année pour les 10, 15 et même 20 prochaines années.»

Au rythme où vont les choses, l'aérospatiale québécoise devrait franchir le cap des 49 000 travailleurs cette année.

Les quatre géants que sont Bombardier, Bell Helicopter, Pratt & Whitney et CAE se partagent 57% de la main-d'oeuvre, mais une panoplie d'entreprises de diverses tailles gravitent autour de ce noyau.

Pour l'instant, la demande pour les travailleurs ne sème pas de panique comme c'est le cas dans le secteur des technologies de l'information. «Il n'y a pas de pénurie criante, mais il faut continuer à travailler», dit Serge Tremblay, du CAMAQ.

Même message chez Mecachrome, une entreprise qui fait le lien entre les PME et les Bombardier et Boeing de ce monde en assemblant les pièces des premières pour livrer des modules assemblés aux grands constructeurs.

L'entreprise est passée de 25 employés en 2002 à 120 aujourd'hui.

«On arrive à pourvoir nos postes, mais on a des délais de recrutement de plusieurs semaines. Ça a un impact sur la livraison de nos contrats», a expliqué Isabelle Le Beau, directrice des ressources humaines.

Paul Aluernot, Said Bachiri et Annie Pinet refusent toutefois de vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué. Les trois étudiants sont à l'École des métiers de l'aérospatiale pour apprendre à tapisser les avions de câbles électriques.

«Les nerfs et les veines de l'appareil», dit fièrement Said Bachiri, qui, comme ses deux collègues, peine toutefois à se trouver un stage pour le printemps.

«J'ai envoyé 20 CV, mais les entreprises sont très sélectives», dit Annie Pinet.

Inquiétant? Non, répond leur directrice, Josée Péloquin. «Une fois leur diplôme en poche, ça sera beaucoup plus facile», dit-elle, affirmant qu'entre 85 et 90% décrochent un emploi dans leur domaine après avoir terminé leur formation.