Un géant en mutation nommé Bell Canada, de nouveaux acteurs dans le sans-fil, des percées technologiques et des décisions qui risquent de faire des vagues: l'année 2008 s'annonce chargée au pays dans le secteur des télécommunications.

Un géant en mutation nommé Bell Canada, de nouveaux acteurs dans le sans-fil, des percées technologiques et des décisions qui risquent de faire des vagues: l'année 2008 s'annonce chargée au pays dans le secteur des télécommunications.

«De grands événements sont sur le point de se produire», dit Iain Grant, analyste en télécommunications pour le SeaBoard Group.

Première chose à surveiller sur la liste de M. Grant: la vente aux enchères qui déterminera quelles entreprises obtiendront de nouvelles fréquences en téléphonie sans fil. En novembre, le ministre fédéral de l'Industrie, Jim Prentice, a annoncé à Rogers, Bell et Telus qu'il leur amenait de nouveaux concurrents dans les pattes: un bloc de 40 mégahertz sera réservé aux entreprises émergentes sur le marché.

On s'attend à ce que Vidéotron au Québec, mais aussi MTS Allstream, Shaw Communications et EastLink sautent sur l'occasion. Mais l'histoire pourrait ne pas s'arrêter là.

«Il est aussi possible que de plus petits acteurs, des entreprises locales et communautaires, sautent dans le bateau, dit M. Grant. Il y a des blocs de fréquences alloués expressément aux gens de Rimouski, par exemple. Je crois que le spectre est assez important pour que plusieurs acteurs puissent participer.»

Même si la vente n'aura lieu qu'en mai, on risque d'en entendre parler bien avant. «Les répétitions générales, les manoeuvres et les alliances auront lieu dans les prochains mois», écrit le SeaBoard Group dans un rapport publié récemment.

L'autre grande question de 2008 s'écrit en deux mots: Bell Canada. Rachetée cette année par le consortium formé de Teacher's, Providence Equity Partners et Madison Dearborn, l'entreprise quittera la Bourse et les rideaux se fermeront sur ses opérations financières et stratégiques.

Quelle métamorphose nous préparera Bell dans son cocon? Difficile à dire, répond M. Grant. Mais il ne s'attend pas à voir un navire comme Bell se retourner sur une pièce de 10 ¢. «Je ne crois pas qu'une compagnie de cette taille puisse faire plusieurs changements rapides. M. Sabia a essayé très fort et pendant longtemps de changer cette compagnie», rappelle-t-il.

Sauf que, d'un autre côté, «Bell ne peut continuer à faire ce qu'elle a fait jusqu'à maintenant», dit M. Grant. D'importants investissements sont requis à la fois dans le sans-fil et dans les lignes terrestres pour la téléphonie et l'internet. M. Grant croit que les nouveaux proprios pourraient choisir de se départir d'une division - soit le sans-fil, soit l'internet - question de concentrer leurs efforts, quitte à reconquérir les activités abandonnées dans quelques années.

«Tout dépend de combien d'argent ils sont prêts à investir et de combien de temps ils sont prêts à attendre avant d'être payés», dit M. Grant, qui souligne qu'il est difficile de voir clair là-dessus puisqu'une caisse de retraite comme Teacher's peut très bien s'accommoder d'un retour sur l'investissement de 20 ans, tandis qu'une firme comme Providence Equity Partners est plutôt reconnue pour viser des horizons de 18 mois.

Compte tenu de l'ampleur de la dette contractée pour acheter Bell, une erreur de stratégie serait-elle fatale à ce stade-ci pour les nouveaux proprios? «Faire le bon choix est toujours mieux que de faire le mauvais choix, répond M. Grant. Mais ces gens ont des sources de capitaux plus grandes que les vôtres ou les miennes. Bell a fait plusieurs erreurs dans le passé, et la compagnie existe toujours.»

Si des morceaux de Bell sont effectivement largués, M. Grant s'attend à voir Telus au premier rang de ceux susceptibles de les ramasser.

Parmi les autres événements qui risquent de marquer 2008, le SeaBoard Group mentionne l'arrivée possible du iPhone en sol canadien, l'apparition de nouvelles technologies autour de la bande de 700 MHz et les règles qui dicteront comment les entreprises pourront utiliser les réseaux de leurs concurrents (et à quel prix) dans les marchés de téléphonie locale qui viennent d'être déréglementés par le gouvernement fédéral.