Parce que les conditions économiques se détériorent rapidement, le marché des bureaux, tant à Montréal qu'ailleurs au Canada, tourne à l'avantage des locataires.

Parce que les conditions économiques se détériorent rapidement, le marché des bureaux, tant à Montréal qu'ailleurs au Canada, tourne à l'avantage des locataires.

Pourtant, la pénurie de locaux a soulevé l'inquiétude des locataires en 2008 à Montréal. La contrepartie, c'est qu'il faudra faire une croix sur les chantiers attendus de tours à bureaux à Montréal, et pour plusieurs mois.

C'est l'évaluation que fait Jean Laurin, président et chef de la direction de GVA Devencore, de Montréal, une société canadienne spécialisée dans l'immobilier commercial.

Les compagnies immobilières SITQ, Westcliff, Canderel, Magil-Laurentienne/Desjardins et Sidev n'ont pas encore trouvé le locataire principal pour lancer la construction de leur tour à bureaux respective. Les promoteurs devront patienter encore six mois, sinon jusqu'en 2010, estime Jean Laurin. Pourtant, au printemps de 2008, plusieurs s'attendaient à la construction d'une première de ces tours, en raison du plus faible taux d'inoccupation depuis longtemps à Montréal.

Peu favorable à court terme

«Le marché n'est plus favorable à court terme pour trouver ce locataire principal et amorcer la construction de cette tour à bureaux», note Jean Laurin.

«La tempête économique remet tout en question: le plan d'affaires, l'organisation, la situation financière, déclare le président. Ça force à la réflexion.»

Entre-temps, des promoteurs pourront par contre restaurer des immeubles existants, bien situés, dans quelques quartiers. Ils pourront ainsi en rénover au centre-ville, afin d'améliorer leur attrait pour les locataires. D'autres en trouveront le long des lignes de métro. On pourra convertir des immeubles industriels en bureaux.

Car pour les locataires, les économies vont prendre la tête des priorités, du moins à court terme, souligne Jean Laurin. «Ils vont mettre au congélateur le prestige et l'image de marque.»

«Au cours des six premiers mois de 2009, il ne va rien se passer. Après, on verra d'abord quel type de reprise se dessine», déclare le président de Devencore.

Les constructeurs pourront tout de même rénover de cinq à 10 immeubles à Montréal en 2009, avec un nombre de pieds carrés plutôt appréciable, estime Jean Laurin. Il faudra pour cela que des promoteurs aux reins solides découvrent de bons immeubles à restaurer, bien localisés.

Place à la négociation

Dans ce contexte en évolution rapide, des locataires de Montréal et d'ailleurs au Canada, avec des baux qui approchent de l'échéance, peuvent renégocier avec les propriétaires, ajoute le président.

Pour garder un bon locataire, le propriétaire de l'immeuble va accepter de négocier un bail à la baisse.

«De gros propriétaires en particulier s'adaptent rapidement à la nouvelle situation du marché. La tendance des prix est à la baisse», note Jean Laurin.

Le président de Devencore revient de New York, où «la valeur des immeubles et les loyers ont baissé, pendant que le taux d'inoccupation des bureaux a augmenté au rythme de la dégradation des disponibilités financières des entreprises. Et à Londres, c'est encore pire», dit-il.

«Au Canada, le taux d'inoccupation des bureaux devient relativement élevé et les pressions à la hausse sur les loyers se sont évaporées. À Calgary, à Vancouver et à Ottawa, le marché devient plus favorable aux locataires. À Toronto, des constructeurs ont même mis en chantier de nouvelles tours de 2,5 à 3,5 millions de pieds carrés, à livrer sur le marché en 2009 et 2010, ce qui favorisera aussi les locataires», explique Jean Laurin.

À Montréal, le taux d'inoccupation a fini par augmenter légèrement, mais on ne trouve toujours pas sur le marché les grands blocs de locaux contigus recherchés, conclut le président de Devencore.

LE MARCHÉ DES TOURS À BUREAUX

Grands centres urbains (automne 2008)

SUPERFICIE (pi2) / INOCCUPATION / TAUX LOCATIF

Toronto: 64,8 millions / 6,8% / 45$/pi2

Montréal: 45,2 millions / 5,5% / 33$/pi2

Calgary: 34,5 millions / 3,8% / 50$/pi2

Vancouver: 24,3 millions / 2,4% / 52$/pi2

Ottawa: 16,9 millions / 2,3% / 39$/pi2

Source: GVA Devencore