Exsangue à la fin d'une année cauchemardesque, qui l'a vue effacer plus de cinq ans d'ascension, la Bourse de New York va aborder 2009 en espérant avoir touché le fond.

Exsangue à la fin d'une année cauchemardesque, qui l'a vue effacer plus de cinq ans d'ascension, la Bourse de New York va aborder 2009 en espérant avoir touché le fond.

Toutefois, elle le fera sans illusions face à une crise économique qui s'annonce profonde et prolongée.

«J'aurais aimé pouvoir prétendre que ça n'est jamais arrivé!», lance Gina Martin, analyste chez Wachovia Securities.

Pourtant, à quelques jours de la fin de l'année, l'indice vedette de Wall Street, le Dow Jones, était bien en baisse de 35% depuis le début de l'année. Au plus bas, le 21 novembre, il avait perdu 47% par rapport à son sommet historique atteint à peine un an plus tôt, en octobre 2007.

Le Nasdaq, à dominante technologique, a perdu 42% et le S&P 500 40% depuis le premier janvier.

Le Dow Jones a ainsi vécu sa pire année depuis 1931. Pas étonnant, pour Gina Martin, puisque le marché a dû faire face «à la plus grande crise financière aux États-Unis depuis la Grande Dépression» des années 1930.

L'hémorragie est mondiale: selon Lewis Alexander, chef économiste chez Citigroup [[|ticker sym='C'|]], les marchés boursiers dans le monde ont fondu d'environ 25 000 G$ US, ce qui représente 40% du produit intérieur brut mondial.

«C'est aussi mauvais qu'un marché peut l'être, sous toutes les formes et de toutes les manières: destructions d'emplois, économie dévastée, carnage sur le marché des actions et de l'immobilier», a résumé Art Hogan, responsable de la stratégie de marché chez Jefferies.

Le marché a également compté les victimes. La plus petite banque d'affaires Bear Stearns d'abord, première alerte lancée en mars, avant que ses grandes soeurs ne suivent à l'automne: Lehman Brothers et Merrill Lynch, les établissements de refinancement hypothécaire Fannie Mae et Freddie Mac.

Au début d'octobre, c'est l'écroulement: le Dow Jones dégringole de 22% en dix jours. La volatilité est extrême, signe de la nervosité des investisseurs.

Ses stars déchues, ses anciennes valeurs vedette ayant parfois perdu jusqu'à 90% de leur valeur, Wall Street est à ses niveaux de 2002-2003 et tremblait encore à la fin de l'année, suspendue au sort de l'industrie automobile.

Au vu du cataclysme de 2008, le sentiment est que «l'année prochaine devra forcément être meilleure», selon Art Hogan.

Sam Stovall, de Standard and Poor's, croit à un rétablissement en 2009 après les vagues massives de vente observées.

«Il y a de bonnes chances de voir un rétablissement l'an prochain, mais certainement dans une fourchette limitée», tempère tout de même l'analyste.

Sam Stovall table sur un S&P 500 à 1025 points à la fin de l'année prochaine, contre 980 points aujourd'hui. La banque Credit Suisse prédit 1050 points, soit une hausse de moins de 10% par rapport à son niveau actuel. Mais peu se risquent véritablement à lancer des pronostics.

«Faire des prévisions sur le niveau des actions à la fin de 2009 est quasiment impossible. Ce sont loin d'être des conditions normales de marché», relève Gina Martin.

Pour l'analyste de Wachovia Securities, qui n'attend pas de redressement d'une économie américaine en récession avant le deuxième semestre 2009, les trois à six premiers mois ressembleront à la fin de l'année 2008.

Les spécialistes du marché, qui espèrent que celui-ci a trouvé un plancher assez solide, attendent également de voir les effets des plans de relance gouvernementaux.

«Les marchés vont saisir tous les signes de relance de l'économie pour essayer de prendre de l'avance», indique Gregori Volokhine, de la société de gestion et de conseils en investissement Meeschaert New York.

Mais certains sont sceptiques face à cette nouvelle image offerte par Wall Street, icône écornée de la libre entreprise.

«Les actions sont bon marché quand elles sont valorisées dans le cadre d'une économie fondée sur la finance et autrefois dominée par l'endettement, le financement bon marché et même des taux d'imposition sur les sociétés faibles», constate William Gross, directeur exécutif du fonds d'investissement obligataire américain Pimco (groupe Allianz).

«Ce monde, toutefois, appartient à notre passé, non à notre futur», ajoute-t-il.