Le mois dernier, Amélie, 23 ans, a encore demandé à son père de lui donner un coup de pouce pour payer sa voiture de location. Jonathan, 16 ans, prend ses parents pour un guichet automatique. Marie, 14 ans, dépense son allocation hebdomadaire en une journée. Ces histoires vous semblent-elles familières?

Le mois dernier, Amélie, 23 ans, a encore demandé à son père de lui donner un coup de pouce pour payer sa voiture de location. Jonathan, 16 ans, prend ses parents pour un guichet automatique. Marie, 14 ans, dépense son allocation hebdomadaire en une journée. Ces histoires vous semblent-elles familières?

Nos jeunes dépensent sans compter. Ils ont le syndrome du voisin gonflable bien avant d'être autonomes. À l'école, leurs amis vont à Cuba pendant les vacances des fêtes. Ils nous demandent de leur en donner autant. Ils ont des téléphones cellulaires à 12 ans, un scooter à 16 ans, une voiture à 18 ans et les dettes qui vont avec. Ou pire, ce sont leurs parents qui doivent payer pour cette consommation effrénée!

Avons-nous raté l'éducation financière de nos enfants?

C'est la question que bien des parents se posent quand ils voient leurs rejetons, à l'université, déjà empêtrés avec des cartes de crédit pleines à craquer. «Ces erreurs peuvent se répercuter pendant plusieurs années dans leur vie d'adulte, et entraîner des problèmes de stress et des problèmes relationnels, en plus des problèmes financiers», dit Marie J. Lachance, professeure au Département d'économie agroalimentaire et sciences de la consommation de l'Université Laval.

Avec deux collègues, elle a publié en 2005 une étude sur les jeunes et le crédit dont les résultats sont éloquents. À un test de neuf questions simples dont le but était de vérifier si les jeunes adultes avaient des connaissances minimales sur le crédit, la note moyenne obtenue par les répondants était de 49%.

«Considérant que la grande majorité des jeunes adultes de l'échantillon utilisent couramment les produits de crédit, on ne peut que déplorer leur faible niveau de connaissances en matière de crédit», notent les auteurs.

Devant ce constat navrant, doit-on blâmer les parents? «Si on regarde les résultats de l'étude, il semble que les parents n'en font pas assez pour éduquer leurs jeunes concernant l'argent, dit Marie J. Lachance. Mais d'autres études auprès des adultes montrent que la population en général n'a pas assez de connaissances en finances personnelles. Comment pourrait-on transmettre ce que l'on n'a pas?»

Anne-Marie Miller, conseillère budgétaire pour l'Association coopérative d'économie familiale de l'est de Montréal, croit que l'argent est un sujet tabou au sein des familles.

«Les parents eux-mêmes sont aux prises avec des situations d'endettement.» Difficile, quand on a des comportements financiers erratiques, de faire la leçon à nos ados. Pourtant, si nos finances sont désastreuses, on devrait d'autant plus faire un effort pour leur éviter de suivre nos traces.

«Si vous gérez mal votre argent, faites le ménage dans vos propres finances. Commencez un plan pour payer vos cartes de crédit. Quand les enfants vous poseront des questions, vous pourrez leur expliquer ce que vous avez fait pour vous en sortir», suggère Janet Bodnar, une journaliste américaine qui écrit sur les jeunes et l'argent depuis 15 ans, et mère de trois enfants.

Selon Mme Bodnar, le comportement des parents en matière de finances exerce une influence importante sur leur progéniture. «Ils voient ce que vous faites, dit-elle. Ils écoutent les adultes discuter d'argent entre eux, et ils en tirent des conclusions. Les parents ne le réalisent pas, et ne prennent pas le temps de leur en parler.»

Si l'on ne fait pas cette éducation, nos enfants risquent de venir nous quémander de l'argent jusqu'à un âge avancé. «Comme parent, vous serez content de les aider de temps en temps, dit Janet Bodnar. Mais vous ne voulez pas qu'ils dépendent de vous pour toujours.»