Au Québec, 90% des forêts commercialement exploitables appartiennent à l'État. C'est lui qui fournit 80% du bois utilisé par l'industrie des pâtes et papiers, qui bénéfice de contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestier, les CAAF.

Au Québec, 90% des forêts commercialement exploitables appartiennent à l'État. C'est lui qui fournit 80% du bois utilisé par l'industrie des pâtes et papiers, qui bénéfice de contrats d'approvisionnement et d'aménagement forestier, les CAAF.

Le Québec est une anomalie dans les pays développés, selon André Duchesne, ancien président de l'Ordre des ingénieurs forestiers du Québec et de l'Association des industries forestières du Québec.

«C'est un type d'aménagement qui n'existe plus que dans les pays en voie de développement, dit-il. Il n'y a pratiquement plus de forêts publiques en Suède, en France, en Italie ou aux États-Unis».

Le rendement des forêts privées est le double de celui de la forêt publique, où les entreprises ne sont que de passage. Alors que le bois commence à manquer dans les forêts publiques, le temps est peut-être venu d'envisager d'autres modes de gestion forestière.

Le régime des CAAF a permis de développer l'industrie du sciage, mais «ce n'est plus la solution optimale», admet l'ancien porte-parole de l'industrie.

Dans une étude réalisée pour l'Institut économique de Montréal, André Duchesne a suggéré au gouvernement de confier une partie de ses terres à contrat à des gestionnaires sans lien avec une usine.

Le titulaire d'un contrat de ce genre paierait un loyer et serait soumis à des règles d'aménagement respectant la pérennité de la forêt. Il vendrait son bois sur le marché, au plus offrant.

«Ce nouveau type de contrat sur les terres publiques favoriserait le développement d'une industrie de l'aménagement forestier distincte de l'industrie forestière traditionnelle, pour laquelle cette activité ne constitue qu'un coût à réduire le plus possible», écrit-il dans son étude.

De là à ouvrir la porte aux fonds privés d'investissements forestiers, il y a un pas qu'André Duchesne ne franchit pas. «Personnellement, je ne serais pas contre, mais je pense que les citoyens ne sont pas prêts à accepter ça.»

Selon lui, le gouvernement pourrait au moins offrir des terres en location à long terme pour explorer cette filière, mais son livre vert sur la forêt qui vient d'être publié n'en fait même pas mention.