Les hausses successives du prix du carburant suscitent la grogne chez les camionneurs indépendants.

Les hausses successives du prix du carburant suscitent la grogne chez les camionneurs indépendants.

Selon des informations obtenues par Le Soleil, certains évoquent des moyens de pression, comme bloquer la route à la frontière entre le Québec et le Nouveau-Brunswick.

Ils sont quelque 6000 camionneurs indépendants, appelés brokers ou courtiers, des travailleurs autonomes qui font de la livraison de marchandise générale, ont leur propre camion et travaillent à contrat pour différentes compagnies. Ils doivent absorber la totalité des coûts d'exploitation, incluant l'essence, sans aucune aide.

«Les taux de transport doivent augmenter ou le coût du carburant diesel doit baisser. Ça n'a plus de sens. Depuis cinq ans, le coût d'exploitation a augmenté de 45 %. Le profit est inexistant», explique l'un d'eux.

«Il est certain que c'est aberrant pour eux, qui ont souvent de la difficulté à se faire compenser par leur employeur», note de son côté, Gaétan Légaré, le directeur général de l'Association nationale des camionneurs artisans Inc. (ANCAI), qui compte 4500 membres.

Pendant ce temps, les camionneurs membres de l'ANCAI qui travaillent sur des chantiers gouvernementaux profitent d'une entente avec Québec qui compense une part de la hausse. On estime que pour les 2,7 milliards $ de travaux réalisés cette saison, cette entente coûtera au bas mot 25 millions $ au ministère des Transports du Québec (MTQ).

Deux régimes

En vertu de l'entente, les camionneurs artisans qui travaillent pour le MTQ, n'absorbent que 5% de l'augmentation, le reste étant compensé par l'État. «Nous agissons comme sous-traitants pour le MTQ. La ministre Julie Boulet a décidé de nous aider, considérant que les augmentations sont très importantes», ajoute M. Légaré.

«En 2000, lorsque le gouvernement a déréglementé le camionnage en vrac, le MTQ a maintenu des clauses préférentielles pour ses camionneurs artisans. Nous avons convenu d'une méthode d'indexation qui veut qu'annuellement, le taux est augmenté ou diminué, dépendant de la réalité économique», explique Yanick Blouin, chercheur au MTQ.

Cette méthode de calcul est basée sur trois critères : le coût de la vie (achat d'équipements, camions, pneus etc.), estimé à 50 %, l'essence (20 %) et la main-d'oeuvre (30 %).

«Nous comparons une saison de travail (mai à décembre) d'une année à l'autre et cela nous donne le prix de référence. En comparant les saisons 2006 et 2007, nous avons donc fixé le prix de référence pour le transport en vrac à 85,4 ¢ le litre.»

Or, depuis le début de la présente saison, le prix du carburant diesel a augmenté de 40 %. «À titre de donneur d'ouvrage majeur de l'industrie du camionnage en vrac, le MTQ est pleinement conscient du rôle qu'il doit assumer afin de permettre aux camionneurs artisans de couvrir leurs frais d'exploitation et retrouver leur marge bénéficiaire», explique la ministre Boulet.

«Nous supportons le premier 5% d'augmentation, donc payons l'essence à 89,7 ¢ le litre. Le mois suivant, le prix est ajusté selon le coût moyen du mois précédent», ajoute M. Légaré. Par exemple, pour l'ensemble des contrats que l'ANCAI possède avec le ministère des Transports, la compensation gouvernementale pour la surcharge de carburant pour le mois de mai s'établit à 9 %. Celle de juin devrait être de 12 %.

Dans le transport général, les compagnies doivent se débrouiller seules. Aucune compensation n'est prévue, puisque que le MTQ n'agit pas à titre de donneur d'ouvrage.

«Par contre, dans notre site Internet (www. mtq.gouv.qc.ca), nous avons instauré quelques outils qui les aident à comprendre l'augmentation des coûts du carburant sur leurs opérations et à bien l'expliquer à leurs clients, soutient M. Blouin. Depuis 2002, le prix du carburant a grimpé de 177 %. Nos outils peuvent servir de référence pour calculer la surcharge de carburant qu'ils devraient demander à leurs clients.»