Les Canadiens ont pompé plus de 22 milliards de dollars dans des billets à capital protégé.

Les Canadiens ont pompé plus de 22 milliards de dollars dans des billets à capital protégé.

Ces produits font miroiter un potentiel de rendement illimité, avec un capital garanti à 100%. Le meilleur des deux mondes! Mais avec la culbute du marché, certains livreront plutôt un rendement de 0%... garanti.

Cloués au tapis. Complètement K.-O. Certains billets à capital protégé émis en 2007, lorsque la Bourse battait des records, ne se relèveront jamais de la récente dégelée boursière.

Pour les particuliers qui ont investi dans ces placements, cela signifie 0% de rendement jusqu'à l'échéance, dans plusieurs années. Même si la Bourse se relève, double, triple... cela n'y changera rien. Ils ne profiteront pas de la remontée.

Comment cela est-il possible? Pour répondre à cette question, il faut décortiquer la structure des billets à capital protégé.

Défaut de structure

Les billets ressemblent à des CPG boursiers. D'une part, leur rendement est lié à un actif sous-jacent: une action, un fonds commun, un indice boursier, etc. Les investisseurs espèrent ainsi obtenir un rendement supérieur à celui d'un placement garanti conventionnel.

D'autre part, le risque est limité. En fait, le capital investi au départ est garanti (mais pas le rendement) dans la mesure où l'investisseur conserve son placement jusqu'à l'échéance, de trois à huit ans plus tard... parfois plus.

Pour les firmes qui structurent les billets, il existe deux façons de garantir le capital.

La première est assez simple: le capital initial (disons 100$ l'unité) est divisé en deux. La première partie (disons 70$) sert à acheter une obligation qui vaudra 100$ à l'échéance, en tenant compte des intérêts composés. Le capital est ainsi assuré.

L'autre partie (30$) permet d'acheter une option d'achat, qui permettra au billet de refléter le rendement d'une action ou de n'importe quel autre actif sous-jacent.

La deuxième structure ressemble à la première, mais elle est dynamique. Au départ, on calcule la somme qu'il faudrait pour acheter une obligation afin de garantir le capital à l'échéance... mais on ne l'achète pas, on garde simplement cette somme en tête.

Comme les taux d'intérêt varient sans arrêt, on refait le calcul continuellement. Si les taux baissent, comme cela s'est produit dernièrement, il faudra "théoriquement" conserver une plus grande réserve, car les intérêts versés en cours de route seront plus faibles. C'est un premier coup dur pour le billet.

Pendant ce temps, on investit tout le capital (100$) dans l'actif sous-jacent, des fonds communs le plus souvent. Si la valeur du fonds grimpe, on peut emprunter pour surinvestir. Le billet est alors exposé à 150%, voire 200%. Cela multiplie le potentiel de rendement.

Mais si la valeur du fonds baisse dès le départ, c'est l'inverse: on doit réduire le niveau d'exposition à l'actif sous-jacent, pour limiter les risques.

Grosso modo, lorsque le niveau d'exposition n'est plus que de 50%, on peut dire que le billet ne produira que la moitié du rendement du fonds sous-jacent. Si le niveau est de seulement 25%, le billet n'aura qu'un quart du rendement.

Le billet se retrouve au tapis lorsque sa valeur s'écroule au niveau requis pour garantir le capital. Lorsque le niveau d'exposition tombe à zéro, le manufacturier doit acheter la fameuse obligation, afin de limiter les dégâts. C'est un point de non-retour. Le billet est K.-O.

Dès lors, les détenteurs savent qu'ils ne feront pas un sou jusqu'à l'échéance. Zéro pour cent, c'est garanti!

Grammond, StéphanieLes billets en un coup d'OEilLa définition:

Les billets à capital protégé offrent le potentiel de rendement de la Bourse tout en garantissant le capital initial, à l'échéance. Ils sont souvent vendus par des courtiers.

La popularité:

En septembre 2007, on dénombrait plus de 1140 billets, d'une valeur de 22 milliards de dollars. C'est dix fois plus qu'il y a cinq ans. La popularité des billets découle de la faiblesse des taux d'intérêt, des craintes suscitées par l'explosion de la bulle techno en 2000, et de la prudence accrue des baby-boomers à l'approche de la retraite.

La structure:

Plus du quart des billets ont une structure "dynamique". Souvent, ce sont des billets liés à des fonds communs ou des fonds alternatifs (hedge funds). Cette structure est de plus en plus utilisée pour les nouveaux billets. Mais elle pose un inconvénient: si la valeur du fonds baisse brusquement après l'émission, le billet sera sous-exposé et produira un rendement anémique, voire nul.

Les chefs de file:

CIBC Marchés mondiaux: 242 billets, dont 31 avec une structure dynamique

Financière Banque Nationale: 204 billets, dont 33 dynamiques

BMO Nesbitt Burns: 194 billets, dont 152 dynamiques

RBC Valeurs mobilières: 152 billets, dont 27 dynamiques

One Financial: 31 billets, dont 26 dynamiques

Les sources d'information:

CIBC: cibcppn.com

FBN: www.fpsgroup.ca

BMO: www.bmosp.com

RBC: www.rbccm.com

One Financial: onefinancial.com

Quelques billets anémiques:

FBN North American Dividend Achievers 50, Rendement Global, Série 1:0%

FBN North American Dividend Achievers 50, Rendement Global, Série 2:17%

One Financial catégorie de prix de l'or, Série 2:18%

BMO AIM Trimark Legacy Series 1&2:20%

BMO GGOF CORE Series 4:20%

BMO Mackenzie Armada Series 5:22%

One Financial catégorie fiducie de revenue Leaders, série 2:22%

CIBC lié à la Catégorie de titres internationaux AGF, Séries 1 et 2:23%

FBN Dividendes diversifiés Standard Life, Série 2:24%

CIBC lies au rendement de fonds internationaux, Série 3 et 4:24%

BMO MSP Armada Protected Yield Class, Serie 2:25%

One Financial catégorie dividendes mondiaux Leaders, Série 1:25%

Notes: Le pourcentage reflète le niveau d'exposition à l'actif sous-jacent.

L'information est en date du 31 décembre 2007 pour One Financial.

La liste n'inclut pas les billets de RBC qui ne fournit pas l'information.

Sources: Investor Economics, sites internet.