Plusieurs petits investisseurs ont profité d'une rencontre organisée à Montréal, lundi, pour exprimer leur frustration face au processus de restructuration du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) actuellement en cours.

Plusieurs petits investisseurs ont profité d'une rencontre organisée à Montréal, lundi, pour exprimer leur frustration face au processus de restructuration du papier commercial adossé à des actifs (PCAA) actuellement en cours.

Environ 200 d'entre eux s'étaient déplacés dans un hôtel montréalais, en après-midi, pour entendre le président du comité de restructuration du PCAA, l'avocat torontois Purdy Crawford, leur donner plus de détails sur le plan qui sera soumis à un vote le 25 avril. En matinée, une première réunion, tout aussi corsée, avait eu lieu à Toronto.

Les explications données par M. Crawford et les experts du comité, le plus souvent complexes, n'ont pas allégé la colère des petits investisseurs, qui se sentent floués de s'être fait vendre des produits financiers plus risqués que ce que leurs courtiers leur ont fait miroiter.

Un investisseur a résumé la situation en disant qu'il sentait qu'on lui mettait «un fusil sur la tempe» pour obtenir son appui.

En août dernier, dans la foulée de la crise des hypothèques américaines à risque, le marché canadien du PCAA non bancaire est devenu illiquide, les investisseurs craignant qu'il soit largement contaminé par des créances de mauvaise qualité.

Dans les faits, seule une mince proportion de tout le papier commercial était adossée à des actifs à risque, mais le mal était fait.

Dans le cadre de l'accord de Montréal, on a gelé les transactions sur le PCAA non bancaire afin d'éviter les lourdes pertes qu'aurait entraînées une liquidation massive des titres.

Il était frappant de constater, lundi, à quel point les petits investisseurs ont été tenus dans le noir au sujet de la restructuration. Ainsi, la plupart des investisseurs présents à la rencontre de lundi après-midi, à Montréal, n'avaient toujours pas reçu la trousse d'information préparée par le cabinet comptable Ernst&Young. Purdy Crawford a dû reconnaître que le comité allait devoir rapidement améliorer ses moyens de communication.

Plusieurs petits investisseurs ont déploré qu'en vertu du plan de restructuration, les banques bénéficient d'une décharge qui les protégera de toute poursuite judiciaire dans ce dossier, tout en limitant leurs risques financiers.

Ils ont aussi dénoncé le manque de transparence entourant le PCAA et le fait qu'en vertu du plan de restructuration, ils devront renoncer à leurs droits de poursuivre les courtiers qui leur ont vendu du PCAA.

En résumé, le plan prévoit la conversion du PCAA non bancaire, qui était un placement à court terme (d'une durée de 30 à 90 jours), en obligations dont le terme pourra atteindre 10 ans.

Les petits investisseurs, de même que certaines entreprises, parmi lesquelles Transat AT et le Groupe Jean Coutu, voudraient toutefois pouvoir toucher leur argent dès maintenant. Mais selon Purdy Crawford, la restructuration proposée est la meilleure façon de récupérer le maximum.

Plusieurs souhaiteraient que le comité Crawford presse les grands détenteurs de PCAA, le plus important étant la Caisse de dépôt et placement du Québec, à hauteur de quelque 13 milliards, de racheter les titres détenus par les petits investisseurs.

Il s'agit d'une somme d'environ 300 millions, soit moins de 1% du total de 33 milliards investi dans du PCAA non bancaire.

Purdy Crawford n'a pas fermé la porte à cette éventualité, hier. Il faut dire que les petits investisseurs, dont le nombre est évalué à environ 2000, ont un poids important dans l'approbation de la restructuration: le plan doit être approuvé par au moins 50% des détenteurs de PCAA, peu importe leurs avoirs.

Il est donc essentiel d'obtenir l'appui d'une majorité des petits investisseurs.

Un autre investisseur s'est indigné lundi que le comité Crawford ait accepté de verser 1 million aux avocats de 14 investisseurs détenant 1,2 milliard de PCAA. M. Crawford a assuré que tout gain éventuel obtenu par ce groupe bénéficierait à l'ensemble des détenteurs de PCAA.

Il s'est aussi dit ouvert à l'idée que le comité finance un avocat pour les petits investisseurs, qui ne sont actuellement pas représentés devant le tribunal.