S'il existe plus de 5500 fonds communs au Canada, c'est qu'un seul et même fonds se décline souvent en une dizaine de versions, de catégories, de série A, B, C, I, F, T, etc.

S'il existe plus de 5500 fonds communs au Canada, c'est qu'un seul et même fonds se décline souvent en une dizaine de versions, de catégories, de série A, B, C, I, F, T, etc.

Le portefeuille est identique: même gestionnaire, mêmes placements. Mais la coquille change, permettant d'économiser des frais, de réduire l'impôt, de garantir les actifs, de se mettre à l'abri des créanciers.

À lui seul, le fonds Fidelity frontière Nord comporte 38 versions, distribuées par 10 sociétés (banques, assureurs) en plus de Fidelity, dénombre Christian Charest, rédacteur en chef de la société d'évaluation de fonds Morningstar.

Pas simple pour l'investisseur de choisir la version qui lui convient le mieux. «Si vous prenez les prospectus d'un fonds communs, vous allez trouver l'alphabet au complet», assure Patrick Ducharme, vice-président chez de Champlain services financiers.

Le pire, c'est que les lettres ne sont pas standard d'une famille à l'autre, même si l'industrie s'est un peu uniformisée ces dernières années. Voici un aperçu des séries les plus populaires.

A, B, C

Les séries A, B et C ne sont pas standards d'une famille de fonds à l'autres. «Ce sont des vestiges de l'époque avant le mouvement de normalisation», dit M. Charest.

Mais souvent, la différence réside dans la structure de commission. «Il y a principalement trois structures de frais», explique M. Ducharme.

Avec les frais de souscription initiaux (FSI), le client paie une commission au départ, la plupart du temps assez faible. Chaque année, il verse des frais de suivi au conseiller, à même les frais de gestion de son fonds.

Avec les frais de souscription différés (FSD), le client ne paie jamais rien au départ, mais s'il revend avant six ou sept ans, on prélèvera jusqu'à 7% de son actif.

Par contre, les frais de suivi annuels sont moins moindres. Il existe désormais une variante à cette option: les frais de souscription réduits (FSR) qui imposent des frais de sortie moindres.

Pour le client, il y a donc peu d'avantage à choisir les frais différés normaux, si ce n'est que la formule permet le retrait de 10% de l'actif sans frais, chaque année. À noter: chez BMO Ligne d'Action, on offre un boni de 3% à l'entrée aux investisseurs qui optent pour des frais différés.

C

La lettre C nous amène à la structure «corporative». Ici, interdit de parler de fonds. Il faut dire catégorie. Les portefeuilles sont constitués en corporations, plutôt qu'en fiducies, explique M. Charest.

Tant qu'il ne vend pas, l'investisseur est à l'abri de l'impôt. Ses profits seront imposés à la fin, sous forme de gain en capital. Comme les différentes catégories se trouvent un seul parapluie corporatif, l'investisseur peut même de changer de fonds, à l'intérieur d'une même famille, sans impact fiscal.

Pour les gens qui ont des placements hors-REER, c'est presque indispensable, estime M. Ducharme. «Ça permet de faire un rééquilibrage régulier du portefeuille, sans se soucier de l'impôt.» Et ça ne coûte pas plus cher.

D

D comme dans fonds distincts. Cousins des fonds communs, les fonds distincts sont offerts par des compagnies d'assurance qui garantissent aux investisseurs qu'ils récupéreront une partie de leur capital.

Les fonds distincts comportent une demi-douzaine de variantes (désignées par une multitude de lettres), selon que le capital initial est garanti à 75% ou à 100%, après 10 ans ou au moment du décès.

Les fonds distincts sont une solution pour ceux qui veulent absolument une paix d'esprit. Ils sont aussi une option valable pour des entrepreneurs et des professionnels qui font face à un risque potentiel de poursuites ou de faillite, souligne M. Ducharme.

Lorsqu'on les intègre dans un régime de retraite, les créanciers ne pourront jamais y toucher. Cette protection peut valoir la peine de payer jusqu'à 1% de plus par année pour un fonds distinct.

Autrement, le coût élevé de la garantie est difficile à justifier surtout que les risques de baisse de la Bourse sont très minces à long terme.

Il existe une autre forme d'enveloppe qui permet d'acheter des fonds communs, tout en protégeant son capital. Il s'agit des billets à capital garanti.

Le capital initial est garanti à l'échéance (ex: 5 ans, 7 ans). La valeur du billet fluctue en fonction du fonds, ou d'un portefeuille de fonds sous-jacents. On peut récupérer son argent avec terme, mais non sans peine et sans frais.

Le traitement fiscal d'un billet est avantageux (gain en capital dans certaines conditions). Par contre, les investisseurs ne sont pas à l'abri des créanciers, comme avec un fonds distinct.

D

BMO Investissements lancera bientôt une série D qui permettra aux investisseurs autonomes d'acheter des fonds de sa propre famille, à frais réduits, sur BMO Ligne d'Action.

Comme ces clients prennent leur décision de placement tout seuls, la série D réduit les frais de suivi annuels.

La Banque de Montréal est la deuxième banque à laisser tomber les commissions de suivi sur certains fonds, vendus à travers la filiale de courtage réduit. La Banque Royale avait ouvert le bal, en juillet, avec une brochette de fonds vendus chez RBC Placements en Direct.

F

Beaucoup de conseillers financiers sont rémunérés à honoraire, plutôt qu'à commission. Ils demandent à leurs clients un pourcentage de l'actif chaque année (ex: 1 ou 2%), peu importe le nombre de transactions.

S'ils insèrent des fonds dans le portefeuille de leurs clients, ils doivent opter pour la série F (Fee based account) qui ne leur verse pas de commission de suivi. Autrement, ils sont payés en double! Et les clients paient jusqu'à 1% de trop

I

Les fonds de série I (investisseurs institutionnels) s'adressent aux clients fortunés. Ils offrent des économies de 0,25% à 1% par an, à ceux qui injectent au moins 25 000$, 50 000$... ou un demi million.

Dans certains cas, le minimum s'applique à un seul fonds, dans d'autres à l'ensemble des fonds de la famille. Pour atteindre le seuil, certaines familles de fonds regroupent les actifs d'un couple.

Pour des investisseurs bien nantis qui sont éparpillés dans plusieurs familles de fonds, il est avantageux de regrouper les actifs (sans nuire à la diversification) afin de bénéficier de la série I (M, K, etc. dans d'autres familles).

T

Apparue en 2002, la série T (taxes) est vite devenue très populaire. Aujourd'hui, la plupart des grandes familles offrent cette formule fort appréciée des retraités qui vivent de leurs revenus de placements.

Tous les mois, les fonds de série T remettent aux investisseurs une part du capital qu'ils ont investi, au lieu de leur verser des revenus imposables. Nuance importante. Les investisseurs ne paient pas d'impôt, comme il s'agit de leur argent qu'on leur redonne.

Mais attention! La facture d'impôt ne s'envole pas pour autant. Elle est seulement reportée au moment de la vente du fonds, sous forme de gain en capital. Ceux qui l'oublient auront une mauvaise surprise.

En cours de route, l'investisseur peut quand même avoir à payer des impôts sur les revenus réalisés par le fonds (intérêts, dividendes, etc.). Mais encore-là, on peut reporter l'impôt, en achetant une série T dans une structure corporative (voir C), souligne M. Ducharme.

L'investisseur choisit le pourcentage de distribution qui lui convient, souvent de 4 à 8% de l'actif par année. Les versions s'appellent alors T4, T8, etc.

Les versements seront faits, peu importe le rendement des marchés. Mais ils ne sont pas garantis. Si les rendements sont moches, les ponctions grugeront inévitablement le capital.