La Banque de Montréal (T.BMO) revoit à la baisse ses prévisions économiques, constatant que l'économie américaine est déjà bel et bien en récession et que le Canada ne s'en tirera pas sans conséquences.

La Banque de Montréal [[|ticker sym='T.BMO'|]] revoit à la baisse ses prévisions économiques, constatant que l'économie américaine est déjà bel et bien en récession et que le Canada ne s'en tirera pas sans conséquences.

Selon Robert Hogue, économiste principal de BMO Marchés des capitaux, la croissance du produit intérieur brut (PIB) canadien sera de 1,4% en 2008, alors que l'on avait d'abord prévu une croissance de 2,2%.

Aux États-Unis, les prévisions de croissance du PIB pour 2008 ont été ramenées d'un peu moins de 2,0% à 0,9%, avec des croissances négatives de 0,5% et de 1,0% pour les deux premiers trimestres de l'année.

«La lecture des indicateurs économiques que nous faisons présentement nous porte à croire que l'économie américaine est effectivement en récession», a dit M. Hogue, jeudi, à l'occasion d'une rencontre avec les journalistes.

L'économiste explique la récession américaine par une détérioration continue du marché du logement et de la crise hypothécaire, la faiblesse des ventes de Noël et la récente chute des marchés boursiers.

Il ajoute que cette récession devrait être assez courte et relativement faible, en raison des gestes vigoureux de la Réserve fédérale américaine, qui a réduit son taux d'intérêt directeur de trois quarts de point plus tôt cette semaine, et des baisses d'impôt consenties par le gouvernement de George W. Bush.

M. Hogue avertit toutefois que la possibilité d'une récession plus longue et plus profonde ne peut être écartée complètement, d'autant plus que celle-ci sera liée à une réduction de la consommation, contrairement à la dernière récession en 2001, où la consommation s'était maintenue.

Au Canada, les prévisions font plutôt état d'un ralentissement, l'économie étant dans une meilleure position grâce à un marché de l'habitation plus sain, des finances publiques en bien meilleur état et la robustesse du marché des produits de base.

«On ne parle pas de croissance négative en 2008. Ca va passer proche au deuxième trimestre, mais on va y échapper», a dit M. Hogue à propos de l'économie canadienne.

L'économiste prévoit une baisse continue des taux d'intérêt, estimant que la Réserve fédérale américaine abaissera son taux de base jusqu'à 2,0% d'ici l'été et que la Banque du Canada suivra le même mouvement pour ramener son taux directeur aux environs de 3,0% au même moment.

Le Québec, selon l'expression de M. Hogue, «ne pourra échapper au vent glacial nord-américain».

Ainsi, l'économiste n'entrevoit qu'une croissance de 0,6% de son PIB en 2008, une croissance nulle de l'emploi et une hausse du taux de chômage, qui passera de 7,2 à 7,9% en 2008.

Cependant, il fait valoir qu'une croissance nulle de l'emploi n'est pas catastrophique en soi après une croissance tout à fait exceptionnelle et imprévue de 2,2% en 2007.

Malgré tout, le secteur manufacturier devrait continuer à éprouver de sérieuses difficultés en 2008, et le ralentissement devrait s'étendre aux secteurs de la construction résidentielle et des services, plus particulièrement les services liés au secteur manufacturier et la vente au détail.

En contrepartie, la construction non résidentielle devrait aider à soutenir l'économie québécoise, alors que plusieurs grands projets sont dans les cartons.

De plus, même s'il prévoit une baisse des prix des produits de base, dont les métaux, M. Hogue ne s'attend pas à ce que cela ait un impact significatif sur le secteur minier, qui est en plein essor au Québec, à moins que le seuil de rentabilité de certains projets d'exploitation ne soit menacé, ce qui ne semble pas être le cas pour le moment.