Son temps aurait pu lui être compté. Au terme de récents ennuis de santé, Céline s'est aperçue à quel point ce temps lui était devenu précieux.

Son temps aurait pu lui être compté. Au terme de récents ennuis de santé, Céline s'est aperçue à quel point ce temps lui était devenu précieux.

«Ce sont des problèmes qui se sont très bien réglés mais qui auraient pu être graves, confie la femme de 46 ans. Ça fait réfléchir.»

Et cette réflexion l'incite à prendre sa retraite le plus tôt possible, «afin de vivre pleinement mes passions vélo, jardinage, randonnées, camping...»

Céline travaille dans la fonction publique, où elle gagne un revenu de 73 000$. Une retraite à 50 ans, après 25 années de service, lui vaudrait une rente annuelle équivalant à 38% de son salaire. Elle a par ailleurs accumulé 54 000$ dans un REER.

Son mari, plus jeune de quelques années, continuerait pour sa part à travailler. Les dépenses du ménage sont partagées au prorata des revenus de chacun.

Pour atteindre son objectif, elle se dit prête à bien des sacrifices, «sauf vendre la maison que je viens d'acheter avec mon conjoint et que nous avons rénovée selon nos goûts et nos besoins.»

La propriété est grevée d'une hypothèque de 195 000$.

De plus, Céline possède en propre un duplex d'une valeur de 194 000$, sur lequel court encore une hypothèque de 154 000$. Pour des rénovations, elle a dû tirer sur une marge de crédit de 20 000$. «J'ai l'intention de vendre mon duplex en 2009 pour payer cette dette mais devrais-je plutôt le garder et le refinancer pour éponger la dette?» s'interroge-t-elle.

Ses conditions d'emploi et son régime de retraite lui ont fait dresser quatre scénarios, qui fixent son départ pour la retraite entre 50 et 60 ans. Elle souhaite conserver son niveau de vie actuel, soit des dépenses de 38 000$ par année. «Est-ce que je rêve en couleurs?» demande-t-elle?

Quatre scénarios

La planificatrice financière Rolande Tremblay, conseillère en placement chez Financière Banque Nationale, a d'abord vidé la question de la vente du duplex.

Selon ses estimations, la vente de l'immeuble ne rapporterait que 4000$, une fois acquittés le prêt hypothécaire, la commission de l'agent immobilier et l'impôt sur le gain en capital. Aux taux d'intérêt actuels, l'investissement de cette somme ne procurerait que 160$ par année. L'immeuble lui rapporte présentement 2000$. «Voilà une parfaite illustration de l'effet de levier financier: augmenter son rendement grâce à des capitaux empruntés», observe Rolande Tremblay.

Avant d'opter pour ce qui semble la décision la plus rentable, il faut aussi mettre dans la balance le poids de l'administration d'un immeuble locatif et les risques de vacances de loyer une mesure que seule la propriétaire peut faire, précise la planificatrice.

Mais pour les besoins de son analyse, elle a supposé que Céline conserverait son duplex au moins jusqu'à 65 ans. Elle a également posé les hypothèses d'un décès à 90 ans, d'un taux d'inflation moyen de 2,5%, d'un rendement moyen de 5,3% sur ses placements, et d'une augmentation de loyer de 1% par année.

Céline se dit capable d'épargner 5000$ par année. «Nous commencerons donc par cotiser au maximum au REER (2000$), et nous mettrons un autre 2000$ de côté hors REER», décrète Mme Tremblay.

Avec ces paramètres, elle a révisé les scénarios esquissés par Céline.

Dans un premier tableau, Céline prend sa retraite à 50 ans, en 2013, avec une rente annuelle avant impôts d'environ 30 600$, pleinement indexée et coordonnée avec la rente de la RRQ. Elle toucherait en outre une indemnité de départ de 29 000$, que Mme Tremblay lui fait verser graduellement au REER, selon le maximum annuel permis par la loi. «Au rythme de vie actuel, elle sera en déficit à 58 ans, prophétise la planificatrice. Il ne lui restera plus aucune épargne REER et hors REER.» Mauvais départ.

Le deuxième programme de Céline scénarise lui aussi une retraite à 50 ans, toujours avec une indemnité de départ de 29 000$, mais cette fois en différant à 60 ans le versement de la rente annuelle, qui s'établirait alors à 40 300$. Afin de maintenir son niveau de vie jusqu'à 60 ans, Céline devrait gagner à temps partiel un revenu brut d'au moins 45 000$ par année, qu'elle compléterait en puisant largement dans ses économies. Résultat: celles-ci seront à sec au moment où, à 60 ans, elle commencera à toucher sa rente. Elle devra alors combler le manque à gagner en continuant à travailler ou en vendant son duplex. À défaut, il lui faudra se résoudre à réduire son train de vie.

Le troisième scénario prévoit une retraite à 55 ans, assortie d'une rente annuelle de 53 000$ et d'une indemnité de départ de 37 000$. Cette fois-ci, «tout baigne, calcule Rolande Tremblay. Elle peut garder son duplex tant et aussi longtemps qu'elle pourra s'en occuper.» Ses rentes et ses épargnes lui permettent ainsi de maintenir son train de vie jusqu'à 90 ans.

Dès lors, le dernier scénario d'une retraite à 60 ans devient caduc.

Céline devra donc reporter à 55 ans son projet de retraite rapide, si elle tient à maintenir son niveau de dépenses. «Les résultats pourraient différer sensiblement si on diminue le coût de vie avec les années», commente Rolande Tremblay.

Les couleurs de ses rêves dépendent ainsi d'un compromis: vivre intensément, mais à moindre coût.

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LA SITUATION

Remise d'un problème de santé, Céline, âgée de 46 ans veut prendre sa retraite le plus tôt possible pour se consacrer à ses passions. Elle a dressé quatre scénarios, où l'âge de la retraite varie de 50 à 60 ans.

« Je souhaite me retirer le plus tôt possible, mais pas nécessairement entièrement.» Céline

LES DONNÉES

Revenus : 73 000 $

Régime de retraite à prestations déterminées

REER : 54 000 $

Maison détenue avec son conjoint : 235 000 $

Solde hypothécaire : $195 000

Duplex dont elle est seule propriétaire : 195 000 $

Solde hypothécaire : 154 000 $

Revenus nets de location (annuels) : 2000 $

LE RÉSULTAT

Les projections de notre planificatrice révèlent que pour maintenir son train de vie actuel jusqu'à 90 ans, le scénario d'une retraite à 55 ans est le plus probant.

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