Sébastien Richer pourrait faire beaucoup plus d'argent qu'il n'en fait actuellement. Mais le président de Gestion Ressources Richer, un récupérateur de déchets commerciaux et industriels, préfère avoir des principes plutôt qu'un compte en banque bien garni.

Sébastien Richer pourrait faire beaucoup plus d'argent qu'il n'en fait actuellement. Mais le président de Gestion Ressources Richer, un récupérateur de déchets commerciaux et industriels, préfère avoir des principes plutôt qu'un compte en banque bien garni.

Pour lui, l'environnement n'est pas qu'une mode passagère avec laquelle il faut s'enrichir à tout prix. Au contraire.

Pour le jeune homme de 34 ans, père de trois enfants, la sauvegarde de l'environnement est avant tout une responsabilité.

«Je suis un gars de business, mais disons que, pour le moment, ma mission n'est pas purement économique», explique ce bachelier en économie qui a reçu La Presse Affaires avec une paire de vieilles sandales Birkenstock aux pieds.

Les débuts

À la fin des années 90, avec son père Bertrand, il a mis sur pied l'un des premiers sites au Québec de recyclage de matériaux secs provenant des secteurs industriels, commerciaux et de la construction.

En 2001, Richer père et fils ont investi 600 000$ pour se doter d'un centre de tri digne de ce nom.

Aujourd'hui, ils arrivent à valoriser et à recycler près de 85% des déchets issus des industries, des commerces et des institutions (communément désigné par l'acronyme ICI), de même que des activités de construction, de rénovation et de démolition (CRD).

Bois, métal, béton, carton, caoutchouc, plastique; il y a une seconde vie pour à peu près tous les matériaux secs. Il n'y a que le gypse et la laine minérale qui posent encore problème.

Le président de la PME de 38 employés veut à ce point que «les déchets soient recyclés et revalorisés plutôt que d'être enfouis» qu'il a longtemps ouvert ses portes à quiconque voulait ouvrir un site comme celui que sa famille possède à Bromptonville, au nord de Sherbrooke.

Il s'est parfois même fait consultant et n'exigeait aucun honoraire en échange.

«J'ai déjà reçu jusqu'à 30 visites par année. Et je vois que ça fait des petits. Des sites de recyclage de matériaux secs ont commencé à ouvrir un peu partout au Québec depuis quelques années», se félicite Sébastien Richer.

Et la tendance ira en augmentant selon lui, car d'ici 2009, ouvrir et exploiter un site d'enfouissement sera beaucoup plus contraignant et plus onéreux.

Résultat, on s'attend à ce que les municipalités et les entreprises se tournent vers les sites de recyclage et de revalorisation où il en coûtera visiblement moins cher pour envoyer ses déchets.

Transport des déchets

Gestion Ressources Richer est déjà fin prête. Y envoyer ses matériaux secs coûte 62$ la tonne, contre les 70$ que le site d'enfouissement le plus près exige.

La PME tire également ses revenus du transport de déchets avec son propre parc de camions et en louant l'un de ses 1000 conteneurs.

Les affaires sont bonnes, dit Sébastien Richer. La croissance de la PME varie entre 10% et 30% depuis 2001. Son chiffre d'affaires oscille actuellement entre trois et cinq millions de dollars. Mais en 2007, l'entreprise a vu son bilan s'assombrir.

Un investissement de 1,7 million pour l'amélioration de la productivité et l'achat de nouveaux équipements a freiné sa croissance.

«Le rodage a été plus long que prévu et j'ai un nouveau compétiteur qui est venu m'enlever des revenus potentiels. Je croyais aussi que le marché serait encore plus mature», reconnaît Sébastien Richer.

Selon lui, même si le mot environnement est sur toutes les lèvres et fait l'objet d'une couverture sans précédent dans les médias, il reste encore beaucoup à faire.

À preuve, les objectifs fixés par Recyc-Québec et le gouvernement du Québec dans la foulée de la politique québécoise de gestion des matières résiduelles (PQGMR) ne seront vraisemblablement pas atteints d'ici la fin de 2008.

Dans ce programme de 10 ans (1998-2008), l'objectif général était de mettre en valeur (recycler et revaloriser) 65% des quelque 7 millions de tonnes de matières résiduelles qui peuvent justement être mises en valeur.

Le secteur résidentiel

«Les données de 2006 (les plus récentes disponibles) démontrent qu'on est loin du compte, dit Sébastien Richer. Dans le résidentiel, on met en valeur seulement 45% des matières résiduelles. Et même si dans le CRD (construction, rénovation et démolition), on atteint 69%, il faut faire attention car 80% des matières proviennent des travaux routiers. Ce qui veut donc dire que tous les autres déchets du CRD se retrouvent encore dans les sites d'enfouissement.»

Celui qui se fait le chantre de la cause environnementale ne se laisse cependant pas rebuter. «On est en train de basculer; les mentalités et les habitudes changent. C'est long, mais c'est en train de se faire.»