Paul Arseneault a eu chaud: il a eu peur de payer son électricité trois fois le tarif normal, au beau milieu des grands froids de l'hiver.

Paul Arseneault a eu chaud: il a eu peur de payer son électricité trois fois le tarif normal, au beau milieu des grands froids de l'hiver.

Jusqu'à l'automne dernier, il utilisait la bi-énergie, un concept qui implique l'utilisation de l'électricité comme source principale de chauffage et celle d'un combustible (mazout, gaz) comme source d'appoint, lorsqu'il fait très froid.

Depuis le début des années 80, Hydro-Québec encourage la bi-énergie. Cette formule lui permet d'optimiser la gestion du réseau hydroélectrique, en réduisant l'intensité de la demande durant les périodes de pointe.

Quelque 120 000 clients utilisent la bi-énergie. Ils ont droit à un tarif avantageux, le tarif DT. Lorsque la température est supérieure à -12oC, ils paient 4,08 cents le kilowattheure (kWh). C'est bien moins que le tarif résidentiel normal, qui est de 5,29 cents pour les premiers 30 kWh par jour, 7,3 cents pour les kWh excédents.

Toutefois, lorsque le mercure plonge en dessous de -12oC, le tarif DT grimpe à 17,55 cents/kWh. Mais il s'agit d'un tarif "théorique", puisque les clients font plutôt fonctionner leur chauffage d'appoint.

Grâce à ce tarif préférentiel, la bi-énergie est le mode de chauffage le plus économique. Cela reste vrai même si le coût du chauffage au mazout a plus que doublé en 20 ans.

La facture annuelle d'une maison unifamiliale moyenne s'établit à 715$ avec la bi-énergie, soit 27% de moins que la facture de 983$ à l'électricité (pour les 12 mois terminés en septembre 2007). Le mazout et le gaz sont encore plus coûteux.

Malgré tout, M. Arseneault a choisi de migrer vers l'électricité. À la fin de l'automne, son système de chauffage au mazout a brisé. La situation était carrément dangereuse.

Trop occupé, le fournisseur de mazout de M. Arseneault ne le rappelait pas. Les concurrents ne pouvaient lui faire une soumission pour le remplacement de son système avant d'envoyer un représentant pour signer un contrat d'approvisionnement en mazout. Trop de délais

Pour couper court, M. Arseneault a décidé de tout enlever, et de chauffer uniquement à l'électricité.

«Ça m'aurait coûté environ 6000$ pour installer une nouvelle fournaise», évalue-t-il. Malgré les économies de la bi-énergie, il a calculé qu'il lui faudrait des années pour amortir cette dépense.

Ce que M. Arseneault n'avait pas calculé, c'est qu'Hydro-Québec ne pourrait pas convertir son mode de tarification avant le 29 janvier, soit six semaines après sa demande.

C'est toujours ainsi: les demandes de transfert de tarif sont appliquées au début de la prochaine période de tarification. «C'est écrit dans nos règlements tarifaires», assure Josée Morin, porte-parole d'Hydro-Québec.

Malgré toutes ses démarches, en décembre dernier, M. Arseneault n'a pas réussi à adoucir Hydro-Québec.

On lui a suggéré de réduire sa consommation! «Bonne idée, je vais arrêter de chauffer ma maison en plein hiver!» ironise M. Archambeault. On lui a conseillé d'écrire une lettre de plainte, tout en lui précisant qu'il faut compter 60 jours pour obtenir une réponse qui sera négative à coup sûr.

M. Arseneault a finalement contacté La Presse. Résultat: il devra payer sa prochaine facture, au tarif de 17,55 cents/kWh. Mais il sera ensuite remboursé pour la somme payée en trop. «Le client va avoir droit à un crédit», a promis Mme Morin.

Mais c'est un peu un coup de chance: en ce moment, Hydro-Québec procède à des changements de systèmes informatiques. Pour ne brimer personne, la société fait preuve de souplesse: elle crédite des sommes perdues par des clients ayant fait des demandes de modification qui n'ont pu être exécutées sur-le-champ.

Ça tombe bien pour M. Arseneault: grâce à cette politique temporaire, il sera remboursé pour sa consommation à haut tarif même s'il a profité du tarif préférentiel toute l'année.