Depuis sa faillite personnelle en 2002, Jean-Pierre a trouvé des moyens pour se prendre en main. Il n'a plus de carte de crédit et il a dû apprendre à vivre sans ce moyen, surtout qu'il en utilisait plusieurs pour assouvir sa compulsion à dépenser.

Depuis sa faillite personnelle en 2002, Jean-Pierre a trouvé des moyens pour se prendre en main. Il n'a plus de carte de crédit et il a dû apprendre à vivre sans ce moyen, surtout qu'il en utilisait plusieurs pour assouvir sa compulsion à dépenser.

Aujourd'hui, le régime est frugal puisqu'avec sa carte de débit, il ne peut défoncer son budget.

L'achat compulsif

«L'achat compulsif, explique-t-il, c'est une façon de me récompenser après une frustration. Après une injustice à mon égard, je me dis que je vaux plus que ça et je me paye un plaisir.»

«La conséquence néfaste est que l'achat compulsif devient le moyen de résoudre une frustration au lieu de prendre le moyen d'assumer la frustration autrement. Pour m'en sortir, j'ai dû travailler sur l'estime personnelle.»

Un ensemble de frustrations dans sa vie de couple, dans la vie de famille et au travail l'ont amené à dépenser de plus en plus avant de penser à demander de l'aide pour stabiliser sa compulsion.

Ses achats de prédilection: les livres et les disques. Puis, ça a été l'électronique. Les dettes se sont accumulées rapidement jusqu'à la faillite.

«Avant, j'avais une excellente cote de crédit, poursuit-il. Je possédais plusieurs cartes, mais j'en ai abusé. Mon passage chez les Dépensiers anonymes (DA) a été une étape de prise de conscience, mais ce n'est pas le seul moyen pour s'en sortir. On peut même souffrir d'une dépendance à la fraternité DA de sorte qu'on ne règle pas la compulsion en la remplaçant par une autre.»

Le problème de fond ne peut pas se régler selon lui en restant dans l'anonymat. C'est dans une démarche spirituelle que Jean-Pierre a commencé à voir les pistes de solutions. Même s'il ne peut faire de pronostic à long terme, comme dans un cas de toxicomanie, il sait qu'il va mieux, qu'il gère mieux sa vie et ses finances.

«Je suis plus lucide et plus stable qu'avant, poursuit-il. N'ayant plus de carte de crédit depuis cinq ans, je ne peux plus dépenser au-delà de mes moyens. Je suis plus patient face à moi-même et face aux achats.»

Mode de vie différent

Avec un budget plus serré, il dit réfléchir avant de faire tout achat. Avant, 100 $ ou 1000 $, ça ne pesait pas lourd dans ses mains. Aujourd'hui, il connaît la valeur de l'argent et prend des moyens pour s'en sortir.

«J'évolue vers un mode de vie différent, confie-t-il. La faillite a agi comme un coup de massue qui m'a forcé à revoir mes priorités. Je ne crève plus mon budget. Actuellement, ma vie intérieure est plus solide. Ma vie extérieure et mon budget aussi.»

Le processus d'achat, même s'il demeure parfois problématique, amène Jean-Pierre à trouver d'autres moyens d'assumer ses frustrations au lieu de combler son estime de lui-même dans une victoire fictive et virtuelle par l'acquisition d'un bien.