Sushi Shop, La Crémière, Thaï Express, Tiki-Ming. En tout, une vingtaine de bannières de restaurants plus connues que le fondateur du groupe qui les possède.

Sushi Shop, La Crémière, Thaï Express, Tiki-Ming. En tout, une vingtaine de bannières de restaurants plus connues que le fondateur du groupe qui les possède.

Stanley Ma, du Groupe MTY [[|ticker sym='V.MTY'|]], est le portrait-type de l'immigrant qui a réussi, loin des feux de la rampe.

Hong-Kong, 1968. Un jeune homme s'apprête à faire comme de nombreux jeunes Hongkongais: quitter le territoire qui a permis à ses parents de faire fortune pour tenter sa chance à l'étranger.

«À cette époque, la mode, c'était de partir à l'étranger, découvrir de nouvelles opportunités, se rappelle Stanley Ma, 40 ans plus tard. Mes parents m'ont suivi deux ans après mon arrivée.»

Son premier boulot: plongeur dans un restaurant du Quartier chinois. Comme Stanley, 18 ans, est plus grand que la moyenne des Chinois, il découvre vite les lois de l'ergonomie: l'évier trop bas ajoute à son malheur.

«En faisant la vaisselle, je me mouillais de la taille vers le bas. J'étais tout trempé. J'essayais de travailler fort La première semaine, tous les soirs, j'arrivais à la maison et je pleurais. Et je me demandais: pourquoi je fais ça?»

La nouvelle vie de l'immigrant commence donc à des années-lumières de celle qu'il a laissée derrière lui, celle où ses parents pouvaient s'offrir les services d'un chauffeur.

«Mes parents étaient des gens d'affaires très prospères à Hong-Kong. Ils gagnaient très bien leur vie. Ils étaient dans le secteur manufacturier, l'immobilier, le commerce au détail. Ils avaient plusieurs business.»

Quarante ans plus tard, Stanley Ma peut se targuer d'avoir suivi les traces de ses parents. Il a fondé une entreprise dont la capitalisation boursière frôle les 180 millions avec des revenus qui dépassent les 30 millions. L'an dernier, elles étaient en croissance de 39%.

Lui-même possède 26% de la société, soit à peu près 45 millions de dollars.

Plus des deux tiers des revenus de MTY proviennent de quelque 800 franchisés qui versent des redevances sur leurs ventes (5% ou 6% selon les bannières plus de 1% à 3% pour un fonds de promotion).

Le reste vient des 34 restos exploités par le siège social. Ça fait beaucoup de poutines, sushis et autres riz frits au poulet à l'ananas.

Un premier resto à Laval

Son premier restaurant, Stanley Ma l'ouvre sur le boulevard Saint-Martin Ouest, à Laval en 1979. Le Paradis du Pacifique, qui sert de la cuisine polynésienne, est à la taille de ses ambitions: 7000 pieds carrés dans ce qui est à l'époque un immense champ de maïs, selon le souvenir de son fondateur.

«Quand j'ai ouvert le restaurant, le banquier m'a demandé quelles étaient mes prédictions. Je lui ai dit que je serais heureux avec une vingtaine d'employés. Au bout du compte, on en avait une quarantaine un an ou deux plus tard», explique-t-il, au modeste siège social de son entreprise, boulevard Thimens, près de la Place Vertu.

C'est toutefois avec un tout autre concept que ses affaires décollent. En plein boom des centres commerciaux au Québec, il décide de faire manger ceux qui magasinent en développant le concept des Tiki-Ming, un petit comptoir de bouffe chinoise qu'il installe au Centre Rockland au début des années 80.

Le comptoir fait vite un petit et un premier franchisé ouvre le sien à Sainte-Foy.

Pour les 50 premiers restaurants qu'il a lancés à l'aide de franchisés, Stanley Ma a mis la main à la pâte et aux nouilles. Jusqu'au milieu des années 90, on pouvait le voir dans les cuisines de ses restaurants, situés en majorité dans des foires alimentaires de centres commerciaux.

«J'ai travaillé dans les restaurants pendant 30 ans. C'est agréable de voir que les choses vont bien, voir les clients qui s'alignent à l'heure du lunch, le sourire aux lèvres.»

S'ennuie-t-il de ses friteuses et de ses plaques chauffantes à nettoyer après le lunch? «C'est comme la différence entre un entraîneur et un joueur de hockey. On se réalise autrement. Et j'aime les deux.»

Une chose qu'il aime moins: les feux de la rampe. Son équipe a dû le convaincre d'accepter un prix du secteur de la restauration en 2006. Les galas, les discours très peu pour lui.

Il refuse également presque toutes les demandes d'entrevue des journaux de la communauté chinoise de Vancouver. Traitement de faveur à La Presse Affaires? Il rit.

«Montréal, c'est chez moi. J'ai donc transféré l'appel à ma directrice des finances qui m'a dit que je devrais le faire parce que, autrement, les actionnaires vont se demander ce qui se passe avec moi.»

Après une heure d'entrevue, l'énigmatique M. Ma l'est un peu moins.

RÉFLEXIONS SUR...

Sa possible acquisition d'une fiducie de revenu

«Un de mes objectifs est d'acheter une compagnie déjà inscrite à Toronto. En 2011 (avec la fin des avantages fiscaux), plein de fiducies de revenu vont devoir trouver des solutions. Il y a peut-être des opportunités à ce niveau-là.»

Les métacentres

«Il y a trois ans, on n'était pas sûr que les métacentres étaient là pour de bon. L'hiver est très difficile. On se demandait pourquoi les gens voudraient y aller, stationner leur voiture, la reprendre pour aller à un autre magasin, se garer de nouveau. Et puis, on a réalisé qu'il y avait du monde là.»

Ses ressources financières

«Si on ne fait rien cette année, on aura plus de 30 millions de dollars en poche. Les gens se demandent: Stan, que feras-tu avec cet argent? Tu achètes d'autres compagnies ou tu verses un dividende aux actionnaires? Je ne crois pas que c'est le moment de donner un dividende aux actionnaires.»