Non contente de concurrencer les biréacteurs régionaux et les avions d'affaires de Bombardier (T.BBD.B), Embraer vient maintenant marauder dans sa banque de fournisseurs.

Non contente de concurrencer les biréacteurs régionaux et les avions d'affaires de Bombardier [[|ticker sym='T.BBD.B'|]], Embraer vient maintenant marauder dans sa banque de fournisseurs.

Dans un peu plus d'un mois, l'avionneur brésilien recevra une mission commerciale composée d'une vingtaine d'entreprises du Québec et du reste du Canada intéressées à faire des affaires avec lui.

"Embraer a manifesté un intérêt à rencontrer ces gens-là, a déclaré le président-directeur général de l'Association québécoise de l'aérospatiale (AQA), Jacques Saada, en entrevue à La Presse Affaires. Cet intérêt découle d'une première rencontre en septembre dernier."

En septembre 2007, des responsables de l'approvisionnement d'Embraer et d'une de ses filiales, ELEB, avaient effectué une visite au Québec et au Canada pour rencontrer des fournisseurs potentiels dans le cadre d'une mission organisée par le gouvernement canadien. Ils avaient notamment rencontré des représentants d'Héroux-Devtek, une entreprise québécoise spécialisée dans les trains d'atterrissage et les structures aérospatiales.

"Ça a été une très agréable surprise, nous ne les connaissions pas trop", a confié le grand patron d'Embraer, Frederico Fleury Curado, à La Presse Affaires en juillet dernier.

Embraer a invité Héroux-Devtek à soumettre une proposition pour la conception et la fabrication du train d'atterrissage de ses deux nouveaux biréacteurs d'affaires, le Legacy 450 et le Legacy 500. Après avoir considéré les propositions de plusieurs fournisseurs potentiels, Embraer a jeté son dévolu sur l'entreprise québécoise.

Fournisseurs canadiens

M. Curado a indiqué qu'Embraer comptait déjà une quarantaine de fournisseurs au Canada, à commencer par Pratt&Whitney Canada, qui motorise notamment ses nouveaux biréacteurs de petite taille, le Phenom 100 et le Phenom 300. Embraer a également constitué une coentreprise avec la société montréalaise CAE pour assurer la formation des pilotes et des techniciens qui travailleront avec les deux modèles de Phenom.

Embraer a aussi choisi l'organiseur électronique de poste de pilotage d'une autre entreprise montréalaise, CMC Électronique, pour équiper ses avions d'affaires et ses biréacteurs régionaux. L'organiseur électronique est un petit appareil à clavier et écran qui permet de remplacer les lourdes mallettes de documents et de cartes que les pilotes doivent traîner dans les postes de pilotage.

C'est donc pour resserrer ces relations entre Embraer et les sociétés canadiennes et québécoises que la ministère du Développement économique du Québec, le gouvernement ontarien et le consulat canadien à São Paulo, au Brésil, en collaboration avec l'AQA et l'Ontario Space Council, ont décidé d'organiser une mission commerciale en octobre prochain.

Embraer a déjà fait savoir qu'elle recherchait des sociétés spécialisées dans les structures aérospatiales, les matériaux de pointe, l'avionique et les systèmes secondaires. Ce sont Embraer et sa filiale ELEB, spécialisée dans les trains d'atterrissage et autres structures, qui sélectionneront les firmes à partir d'une liste d'entreprises intéressées compilée par les organisateurs canadiens et québécois. À la demande des Brésiliens, la mission comprendra au maximum 25 entreprises afin d'accorder à chacune le temps nécessaire pour aller en profondeur.

Débouchés supplémentaires

Pour l'AQA, il s'agit d'aider les PME québécoises à trouver des débouchés supplémentaires.

"Même si nous ciblons Embraer et ELEB, l'occasion va être belle de voir si nous pouvons organiser des rencontres avec d'autres entreprises de là-bas", a déclaré M. Saada.

Il a rappelé que de grands fournisseurs internationaux installés auprès d'Embraer au Brésil pourraient être intéressés à l'expertise des entreprises québécoises.

M. Saada n'a pas voulu dire combien de sociétés québécoises s'étaient montrées intéressées jusqu'ici à la mission au Brésil.

Dans le passé, l'AQA a participé à d'autres missions commerciales réalisées auprès de grands constructeurs, notamment auprès de Boeing et de Lockheed Martin. Ces deux géants étaient particulièrement intéressés à rencontrer des fournisseurs potentiels canadiens parce qu'ils s'apprêtaient à recevoir de gros contrats militaires de la part d'Ottawa et qu'ils devaient accorder des contrats de valeur équivalentes à des sociétés canadiennes.