General Electric (GE) a des croûtes à manger si elle veut grignoter l'avance de Pratt&Whitney Canada dans le marché des turbopropulseurs.

General Electric [[|ticker sym='GE'|]] a des croûtes à manger si elle veut grignoter l'avance de Pratt&Whitney Canada dans le marché des turbopropulseurs.

«Les gens de GE sont capables, mais ils ont beaucoup à faire avant de pouvoir compétitionner», a déclaré John Saabas, le premier vice-président de Pratt&Whitney Canada, lors d'une entrevue à La Presse Affaires cette semaine au Salon aéronautique de Farnborough.

Le marché des avions turbopropulsés prend beaucoup d'ampleur, notamment en raison de la flambée des coûts du carburant. Sur des distances de moins de 450 milles, ils sont presque aussi rapides que des biréacteurs et consomment beaucoup moins de carburant.

Les carnets de commandes des deux grands manufacturiers d'avions turbopropulsés, Bombardier et ATR, sont pleins à craquer et de nouveaux joueurs lorgnent ce marché, comme la société chinoise AVIC I et l'avionneur brésilien Embraer.

Les motoristes démontrent également de l'intérêt. C'est ainsi que GE vient de compléter l'acquisition de Walter Aircraft Engines, un manufacturier de turbopropulseurs établi en Tchécoslovaquie.

«Nous avions regardé Walter il y a quelques années, mais nous ne sommes pas passés à l'action parce qu'ils n'avaient pas de technologies que nous n'avions pas déjà», a affirmé M. Saabas.

Il a noté que les moteurs de Walter ne se retrouvaient que sur un appareil tchèque, le Let410.

«Cet avion n'est utilisé que dans les pays de l'Est», a-t-il souligné.

Par comparaison, les moteurs de la famille PT6 de P&WC sont utilisés dans 172 pays. Les 35 000 moteurs vendus ont réalisé plus de 300 millions d'heures de vol.

M. Saabas a ajouté que pour compétitionner, il fallait également pouvoir compter sur un service après-vente partout dans le monde. P&WC peut compter sur un tel réseau, alors que pour l'instant, le réseau de GE est beaucoup plus limité.

Embraer, qui a réussi à s'établir dans le domaine des biréacteurs régionaux en peu d'années, regarde aussi du côté de la turbopropulsion. À venir jusqu'à récemment, l'avionneur brésilien considérait qu'il serait difficile de se tailler une place dans un marché relativement limité, dominé par Bombardier et ATR. Or, l'explosion des prix de l'essence pourrait stimuler le marché et le développement de nouvelles technologies pourrait changer la donne.

«P&WC a des idées sur la prochaine génération de moteurs, qui permettraient de réduire de façon importante la consommation de carburant par rapport aux moteurs d'aujourd'hui, a déclaré le président et chef de la direction d'Embraer, Frederico Fleury Curado, en entrevue avec La Presse Affaires hier. Si cette technologie devient disponible, et si le marché croît encore davantage, ça pourrait changer le tableau.»

Pour sa part, ATR vient de lancer une modernisation de sa famille de turbopropulseurs, la Série 600, qui entrera en service dès 2010.

De son côté, Bombardier étudie toujours la possibilité d'allonger son avion turbopropulsé Q400 pour le faire passer de 70 à 90 places.

«Nous savons que la compétition veut aller dans ce sens-là, les clients en ont besoin, mais il faut prioriser nos ressources, a déclaré cette semaine le nouveau président de Bombardier Aéronautique, Guy Hachey. Il y a beaucoup de choses à accomplir.»