Cinar et son nouveau propriétaire, Cookie Jar, font des pieds et des mains pour empêcher que soit divulgués en cour les noms des émissions à qui le gouvernement canadien a retiré, en 2000, leur certification de production télévisuelle canadienne.

Cinar et son nouveau propriétaire, Cookie Jar, font des pieds et des mains pour empêcher que soit divulgués en cour les noms des émissions à qui le gouvernement canadien a retiré, en 2000, leur certification de production télévisuelle canadienne.

Les deux entreprises, qui sont poursuivies en dommages et intérêts par le scénariste Claude Robinson pour plagiat, ont récemment déposé en cour une requête exigeant du juge que les noms de ces productions bannies demeurent secrets quand le procès commencera, le 2 septembre prochain.

Lors de ce procès qui vise aussi les cofondateurs de Cinar, Ronald Weinberg et la succession de feu Micheline Charest, M. Robinson veut présenter en preuve le témoignage de Me Marie-Josée Corbeil, l'ancienne vice-présidente des affaires juridiques de Cinar. Me Corbeil avait été interrogée par la Commission des valeurs mobilières du Québec le 3 mai 2001.

La transcription de son interrogatoire identifie une quinzaine de productions de Cinar comme ayant été «décertifiées», en partie ou totalité, à la suite du scandale des prête-noms. Le stratagème avait été découvert et rendu public par M. Robinson à la fin des années 90.

Rappelons que Cinar, dans ses demandes de crédits d'impôt, attribuait faussement à des Canadiens des scénarios qui étaient en réalité l'oeuvre d'Américains. Des dépenses en sous-traitance étrangère étaient aussi passées sous silence. En trompant les gouvernements, Cinar avait obtenu pour ses émissions le sceau du Bureau de certification des produits audio-visuels canadiens (BCPAC, division de Patrimoine Canada), et les crédits d'impôt que cela entraîne.

En mars 2000, le couple Charest-Weinberg a dû démissionner de Cinar, à la suite de cette affaire et d'autres scandales de nature financière.

Les autorités fédérale et provinciale ont révisé toutes les productions soi-disant canadiennes de Cinar et retiré leurs certifications à plusieurs. Cinar a dû verser 27,6 millions de dollars en décembre 2000 pour régler l'affaire avec les autorités fiscales.

Puis, Cinar a été rachetée par la maison de production Cookie Jar, de Toronto.

Durant leur défense contre M. Robinson, Cinar et Cookie Jar ont d'abord tenté d'empêcher le dépôt de tout l'interrogatoire de Me Corbeil. Mais leur avocat se contente maintenant d'exiger que les titres de toutes les émissions décertifiées -selon le texte- soient caviardés au crayon feutre.

L'avocat de Cinar et de Cookie Jar, Stephen Hamilton, de Stikeman Elliott, n'a pas rappelé La Presse.

En soutien à leur demande de caviardage, Cinar et Cookie Jar affirment que les titres des émissions décertifiées à la suite du scandale des prête-noms n'ont rien à voir avec la poursuite de M. Robinson. M. Robinson accuse M. Weinberg, Mme Charest et Cinar d'avoir plagié son scénario d'émission pour enfants et de s'en être servi pour produire la série Robinson Sucroë.

Or, plaident Cinar et Cookie Jar, la décertification des séries de Cinar ne permet aucunement d'établir qui est le véritable auteur de Robinson Sucroë. Divulguer les séries qui ont été décertifiées en 2000 aurait comme seul résultat de causer de la publicité négative sur ces séries, dont certaines sont encore sur le marché, d'où un préjudice commercial potentiel à Cookie Jar et Cinar, plaident-elles.

Suivant la même logique, Cinar et Cookie Jar veulent aussi faire caviarder les témoignages d'autres cadres de Cinar qui ont été interrogés par les enquêteurs de la CVMQ en 2001, soit: Mme Charest et son mari M. Weinberg, le chef des finances Hassanan Panju, le comptable Andrew Porporino, Cassandra Schaffasen, Lesley Taylor, Madeleine Renaud et Stéphane Cardin.

Elles s'engagent à ne retrancher de ces transcriptions aucune information portant sur la série Robinson Crusoë et rappellent qu'un juge s'était déjà prononcé en 2005 en faveur du caviardage des titres des autres séries.