Les actionnaires de Bear Stearns, ex-fleuron de la finance new-yorkaise qui a failli mourir dans la tourmente du «supbrime», ont entériné jeudi dans l'amertume le rachat au rabais de la prestigieuse enseigne par JPMorgan, à l'issue d'une assemblée générale éclair.

Les actionnaires de Bear Stearns, ex-fleuron de la finance new-yorkaise qui a failli mourir dans la tourmente du «supbrime», ont entériné jeudi dans l'amertume le rachat au rabais de la prestigieuse enseigne par JPMorgan, à l'issue d'une assemblée générale éclair.

Les actionnaires étaient conviés au siège historique de la banque d'affaires, un gratte-ciel du quartier des affaires de «Midtown», et le verdict est tombé moins d'une demi-heure après.

«Les actionnaires ont voté en faveur du rachat», a indiqué à l'AFP Elizabeth Ventura, une porte-parole de Bear Stearns. JPMorgan a par la suite précisé que le rachat avait été entériné par 84% des actionnaires présents, «ce qui représente une majorité substantielle du capital de Bear Stearns».

La fusion sera effective vendredi, après conversion des actions Bear Stearns en actions JPMorgan, à raison de 0,21753 action JPMorgan pour 1 action Bear Stearns.

Le rachat de Bear Stearns, imposé par la Réserve fédérale en mars et finalisé en avril, attendait cet ultime aval sur lequel ironisaient certains employés et actionnaires, massés à l'entrée du siège devant un portrait satirique de James Cayne, l'ex-PDG qui a rendu son poste en janvier.

«C'était un deal déjà bouclé, quel est l'intérêt de donner son avis?», lâchait une actionnaire qui préfèrait garder l'anonymat.

Le peintre Geoffrey Raymond, auteur du portrait de M. Cayne, interpellait actionnaires et employés pour ajouter un message aux commentaires déjà disséminés sur sa toile - en vente aux enchères sur le site eBay.

«Tu nous a bien roulés, Jimmy (Cayne), «Merci beaucoup pour... rien du tout», «Je n'arrive pas à y croire», «Je suis désolé pour ceux qui travaillaient chez Bear Stearns, c'était une belle entreprise», pouvait-on y lire.

Peu d'employés souhaitaient s'exprimer. «Pour la plupart, nous sommes effondrés», a expliqué l'un d'eux. «Nous attendons d'ici demain les +papiers+» confirmant les licenciements.

JPMorgan ne devrait garder que 45% des 14 000 emplois de Bear Stearns.

La pilule est d'autant plus amère que la banque a été cédée pour moins du tiers de sa valeur et que nombreux sont ceux qui pensent que le groupe aurait pu être sauvé.

Bear Stearns, rare institution de Wall Street n'avoir affiché aucune perte en 85 années d'existence - jusqu'au trou de 854 M$ du 4e trimestre 2007 - a été rachetée par JPMorgan pour environ 1 G$.