Le Canada va bien, le taux de chômage est à son plus bas en 33 ans, plus de 400 000 emplois ont été crées depuis 2006. Mais le Canada évolue dans un contexte où son voisin immédiat connaît des soubresauts et pourrait bien entrer dans une récession très prochainement.

Le Canada va bien, le taux de chômage est à son plus bas en 33 ans, plus de 400 000 emplois ont été crées depuis 2006. Mais le Canada évolue dans un contexte où son voisin immédiat connaît des soubresauts et pourrait bien entrer dans une récession très prochainement.

C'est en gardant à l'esprit cette réalité que le ministre des Finances, Jim Flaherty, a fait l'annonce d'un budget frugal - très mince diront certains -, où une grande partie du surplus de 12,9 G$ ira pour le remboursement de la dette canadienne.

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«Certains voudraient que l'on dépense davantage, que l'on paye plus d'intérêts et que les impôts soient plus élevés (...) Mais ce serait une erreur», a souligné le ministre en ouverture de son allocution à Ottawa, mardi.

Plusieurs experts s'inquiétaient toutefois de la minceur des surplus pour les deux prochains exercices - moins de 3 G$. Certains auraient préféré que le gouvernement prévoit un coussin pour faire face aux incertitudes économiques plutôt que de placer les excédents dans le remboursement de la dette.

«Il y a une certaine fragilité au chapitre de l'équilibre budgétaire. Aussi, on vogue vers l'incertitude l'année prochaine car on ne connaît pas l'ampleur du ralentissement américain. Moi par prudence, j'aurais préféré que le ministre utilise les surplus de 2007-2008 et qu'il se fasse un coussin pour l'année prochaine, mais ce n'est pas son choix», a indiqué Yvan Loubier, économiste et conseiller principal chez National.

Un compte d'épargne libre d'impôt

Au menu de ce budget Flaherty, pas de grandes annonces, comme ce qu'avait annoncé le grand argentier, lundi, mais quelques surprises.

Du nombre, le gouvernement conservateur mettra en place un compte d'épargne libre d'impôt (CELI), «le premier du genre de toute l'histoire canadienne».

Visiblement, Ottawa veut que ses commettants se tournent massivement vers l'épargne.

Avec cette mesure qui touche directement les particuliers, les épargnants pourront verser jusqu'à 5000 $ par année dans le compte. Les revenus de placement de ce régime, y compris les gains en capital, seront totalement libre d'impôt, même si l'épargnant retire l'argent du compte.

Le CELI fonctionnera sensiblement comme les REER sans toutefois répondre «aux mêmes besoins». Le compte d'épargne pourrait notamment aider l'achat d'une première voiture ou d'une première maison, souligne le ministre Flaherty.

Pour l'État, la création de ces comptes affectera peu les entrées d'argent. La réduction des revenus fédéraux sera de l'ordre de 5 M$ en 2008-2009 et de 50 M$ pour l'année suivante.

Concernant l'impôt sur le revenu des particuliers, le gouvernement garde le cap. Même s'il n'y a pas de nouvelles réductions annoncées, le gouvernement conservateur défend sa baisse d'impôts de 2,9 G$ annoncée l'automne passée.

«Les mesures que notre gouvernement a prises jusqu'à présent produiront des allégements fiscaux atteignant 200 G$ au cours de cette année, dont 140 G$ iront aux particuliers», a indiqué M. Flaherty.

Remboursement de la dette

Une des priorités des Conservateurs est le remboursement de la dette. C'est pourquoi 10,2 G$ ira pour le paiement de celle-ci.

Au cours de cette année financière, le gouvernement aura donc remboursé 37 G$ de cette dette. Mais selon M. Flaherty, ce sont les contribuables qui en profiteront en bout de piste: ceux-ci paieront 2 G$ de moins en impôt sur le revenu d'ici 2009-2010.

D'ici l'année financière 2012-2013, la réduction totale de la dette réalisée par le gouvernement depuis son entrée en fonction dépassera 50 G$.

Peu pour le secteur manufacturier...

Du côté des industries traditionnelles, fortement touchées par la crise manufacturière qui sévit surtout au Québec et en Ontario, le gouvernement conservateur annonce des mesures totalisant 194 M$.

Une grande partie de ce montant - 90 M$ jusqu'en 2012 - vise directement les travailleurs âgés de ce secteur fragilisé afin de les aider à demeurer sur le marché du travail.

Pour le secteur forestier, le gouvernement conservateur accorde 10 M$ via Ressources naturelles Canada en vue de faire de la promotion sur les marchés internationaux.

Le gouvernement attribue également 72 M$ sur deux ans à des programmes agricoles.

Cela s'ajoute au milliard annoncé en janvier 2008 et qui visait ces secteurs «touchés par la volatilité économique mondiale».

Le gouvernement prolonge également le régime de déduction pour amortissement (DPA) pour les entreprises du secteur de la fabrication, et ce, pour trois ans. Ce régime favorise l'investissement de ces entreprises dans la machinerie et le matériel de fabrication.

Pour le secteur de l'automobile, principalement concentré en Ontario, le gouvernement versera 250 M$ sur cinq ans pour appuyer des projets de recherche et de développement dans le secteur de l'automobile.

Reste à savoir si ces annonces vont satisfaire les partis d'opposition qui ont demandé au gouvernement conservateur d'injecter suffisamment d'argent provenant des surplus afin d'aider plus massivement le secteur manufacturier.

La fin de la Fondation des Bourses du millénaire

Autre particularité qui touche le monde étudiant: c'est la fin du controversé programme des Bourses du millénaire. Une fondation qui permettait l'entrée au Québec de 85 M$ par année. En revanche, le gouvernement fédéral annonce une nouvelle mesure de subventions aux étudiants qui entrera en vigueur en 2009. L'investissement sera de 350 M$ en 2009-2010 et augmentera à 430 M$ d'ici 2012-2013.

Un nouveau programme qui ne plaît toutefois pas à la Fédération étudiante universitaire du Québec (FEUQ).

«Le remplacement de la fondation par ce programme de subventions ouvre la porte à la baisse du financement des prêts et bourses», a indiqué Jean-Patrick Brady, président de la Fédération.

En environnement, le gouvernement annonce un montant de 66 M$ sur deux ans en vue de l'élaboration du cadre réglementaire sur les émissions atmosphériques industrielles et un autre 250 M$ afin de permettre le stockage et le captage du carbone. Un autre 300 M$ sera investi dans le développement de l'énergie nucléaire.