Les deux principaux dirigeants de la Caisse d'Epargne ont démissionné dimanche, à l'issue d'une réunion extraordinaire convoquée après la perte de 600 millions d'euros essuyée par la banque française, pour laquelle la classe politique réclamait des sanctions.

Les deux principaux dirigeants de la Caisse d'Epargne ont démissionné dimanche, à l'issue d'une réunion extraordinaire convoquée après la perte de 600 millions d'euros essuyée par la banque française, pour laquelle la classe politique réclamait des sanctions.

«Cette perte est la conséquence à la fois de l'exceptionnelle volatilité des marchés dans cette période et de la violation des instructions que le directoire et moi-même avions données», a expliqué le président de la banque Charles Milhaud dans une déclaration écrite remise à la presse après le conseil.

«J'en accepte néanmoins l'entière responsabilité. Ayant consacré ma vie entière aux Caisses d'Epargne, je n'ai pas un instant envisagé de me soustraire aux responsabilités qui sont les miennes», a-t-il ajouté.

Alors que plusieurs patrons de banque ont défrayé la chronique en partant avec des parachutes dorés, M. Milhaud a pris les devants. «Je ne demande aucune indemnité», a-t-il dit.

M. Milhaud, 65 ans, président du directoire de la Caisse d'Epargne depuis 1999, a négocié âprement les conditions de son départ, selon une source proche de la direction. Il a notamment exprimé le souhait de rester dans le groupe encore quelques mois, le temps de mener à bien les négociations de fusion avec le groupe Banque Populaire. Il est remplacé par Bernard Comolet, président du directoire de la Caisse d'Epargne d'Ile-de-France.

Alors que le président Nicolas Sarkozy avait exigé vendredi que les responsables de cette affaire, qui a suscité un vif émoi en France, «en tirent les conséquences», seuls les responsables directs de cette perte, des traders jusqu'au directeur financier, avaient jusqu'à présent été sanctionnés.

Le directeur général, Nicolas Mérindol, a également annoncé sa démission, tout en soulignant qu'il restait «au service du groupe». Il devrait prendre d'autres fonctions au sein de la banque, selon une source proche du dossier.

Autre partant, Julien Carmona, également membre du directoire, en charge des finances et des risques.

Parmi les dirigeants des 17 caisses d'épargne régionales, plusieurs souhaitaient le départ de Charles Milhaud, dont le mandat devait s'achever fin 2009.

M. Mérindol était aussi contesté pour avoir mis en oeuvre une stratégie de croissance tous azimuts coûteuse pour le groupe.

La classe politique a vivement réagi à cette affaire qui tombe au plus mal, alors que le gouvernement a tenté cette semaine de restaurer la confiance dans les banques, via un vaste plan de soutien au secteur.

Le sujet est d'autant plus sensible que la Caisse d'Epargne est un symbole de sécurité pour des millions de Français. Près d'un sur deux y détient un compte bancaire ou un livret A.

«Chacun doit prendre ses responsabilités», a souligné dimanche Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement, se disant «profondément choqué».

Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, s'est dit lui aussi «choqué» par cette affaire qui «prouve qu'il y a d'immenses progrès à faire dans la gestion des risques» dans les banques.

La veille, le chef du Parti socialiste (opposition), François Hollande, avait estimé que les «sanctions» réclamées par le président Sarkozy «devaient tomber».

En novembre 2004, la Commission bancaire, l'organe de contrôle des banques, avait déjà adressé une mise en garde à la Caisse d'Epargne sur son contrôle des risques, pointant du doigt notamment une mauvaise remontée de l'information.