Le président français Nicolas Sarkozy s'arrêtait ce samedi chez son homologue américain George W. Bush à Camp David pour le presser, au nom des Européens, d'accepter une refondation de la structure financière mondiale en crise et la tenue rapide d'un sommet international.

Le président français Nicolas Sarkozy s'arrêtait ce samedi chez son homologue américain George W. Bush à Camp David pour le presser, au nom des Européens, d'accepter une refondation de la structure financière mondiale en crise et la tenue rapide d'un sommet international.

Avant ces trois heures d'entretiens entre MM. Bush et Sarkozy et le président de la Commission européenne José Manuel Barroso à la retraite présidentielle de Camp David, dans les montagnes du Maryland, le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a apporté au chef de l'Etat français son «ferme soutien» à la tenue, «au plus tard début décembre», d'un sommet international sur la crise financière.

M. Ban a proposé que ce sommet ait lieu aux Nations Unies, selon une lettre rendue publique par la présidence française après un entretien entre MM. Ban et Sarkozy à Québec.

Les Américains ont cependant paru jusqu'alors beaucoup moins ardents que M. Sarkozy, dont le pays assure actuellement la présidence de l'Union, et que les Européens.

Ces derniers veulent une réforme réelle et complète, une sorte de nouveau Bretton Woods, du nom des accords qui gouvernent depuis 1944 le monde de la finance internationale.

M. Bush a admis vendredi la nécessité de veiller à ce que les dérèglements de la machine financière qui menacent aujourd'hui de surchauffe toute la mécanique économique mondiale ne se reproduisent pas. Son administration a aussi surmonté ses réticences et accepté le principe d'un sommet international qui réunirait les pays du G8 et les grandes économies émergentes. Elle s'est dite ouverte à toutes les propositions valables.

Mais M. Bush ne s'est guère engagé au-delà d'une réforme du système américain qui, de toute façon, incombera à son successeur en janvier 2009, alors que les Européens proposent une forme de supervision mondiale des marchés, qui pourrait échoir au Fonds monétaire international.

M. Bush, qui, dans son allocution radiophonique du samedi, a rappelé croire «fermement dans la liberté des marchés», a aussi mis en garde contre les effets pervers que de nouvelles réglementations pourraient avoir sur l'activité économique.

M. Sarkozy, lui, a de nouveau exhorté à tirer les leçons de la crise et a mis en garde contre le risque de ne voir dans celle-ci qu'une «parenthèse» après laquelle tout pourrait «recommencer comme avant».

Au risque d'irriter les Américains, il a parlé vendredi de l'émergence d'un «monde nouveau» qui doit être régulé et «moralisé» et dans lequel les Américains doivent «comprendre aussi qu'ils ont des partenaires, qu'ils ne sont pas seuls dans le monde».

La Maison-Blanche s'est cependant beaucoup employée à convaincre de ne pas trop attendre des discussions de Camp David. M. Bush reçoit MM. Sarkozy et Barroso parce qu'ils sont «dans les parages», sur le chemin du retour entre le Canada et l'Europe, a dit sa porte-parole, Dana Perino.

«Je peux vous assurer que je ne crois pas qu'on réécrira Bretton Woods demain à Camp David», a-t-elle plaisanté.

Selon elle, la date et le lieu d'un sommet international ne devraient même pas être décidés à Camp David, où les trois dirigeants devaient s'en tenir, selon le voeu américain, à de brèves déclarations à la presse à l'arrivée de MM. Sarkozy et Barroso, avant leurs entretiens et un dîner.

M. Sarkozy a cependant relevé que le principe d'un tel sommet avant la fin de l'année était acquis.

Il voudrait le voir se tenir en novembre à New York, là où tout a commencé selon lui.

Les Européens, qui reprochent aux Américains d'avoir laissé la bride sur le cou aux banquiers et aux investisseurs au nom du sacro-saint principe de la libre entreprise, se félicitent d'avoir comme rarement réussi dans la crise à coordonner leur action et à assumer un rôle contestant aux Américains leur «leadership».