La paralysie du marché interbancaire, qui manque toujours désespérément de liquidités, persistait vendredi, alors que ni les baisses de taux concertées des banques centrales ni les garanties gouvernementale n'ont réussi à ramener la confiance.

La paralysie du marché interbancaire, qui manque toujours désespérément de liquidités, persistait vendredi, alors que ni les baisses de taux concertées des banques centrales ni les garanties gouvernementale n'ont réussi à ramener la confiance.

«Comme les marchés monétaires étaient en plein dysfonctionnement, il y avait peu de chances qu'un geste sur les taux officiels affecte autre chose que les échéances les plus rapprochées», observent les stratégistes de BNP Paribas.

Si le taux interbancaire au jour le jour offert à Londres et exprimé en dollars (Libor) se détendait violemment à 2,46%, après une envolée au-dessus des 5%, le Libor à 3 mois montait à 4,8187%, contre 4,75% jeudi, confirmant la réticence des établissements financiers à se prêter de l'argent entre eux.

L'Euribor à trois mois, l'un des principaux taux de référence du marché monétaire de la zone euro, baissait légèrement à 5,381%, non loin des 5,393% atteints mercredi et jeudi, un niveau record depuis sa création début 1999.

Pour Jean-Paul Pierret, analyste de Dexia Securities, la défiance sur le marché monétaire est «un noeud coulant que les banques resserrent elles-mêmes autour de leur cou et de celui de l'économie», un «réflexe suicidaire».

Échaudées par les déboires de grands établissements financiers, les banques continuent en effet d'ignorer les injections massives de liquidités par les Banques centrales.

«Alors que le système bancaire européen est soit garanti, soit partiellement nationalisé par les États», cette «ère du soupçon» peut paraître paradoxale, note le stratégiste de Dexia.

En fait, «les banques se disent effectivement rassurées sur la solvabilité finale de leurs confrères (...) mais pas totalement sur la liquidité de ces derniers», explique Jean-Paul Pierret.

«Même si en cas de défaut d'un partenaire, on sera finalement remboursé (par l'État), cela ne résout pas le problème du besoin du comptant du lendemain», insiste-t-il.

Favorisé par les tensions sur l'interbancaire, le marché obligataire faisait toujours office de refuge: en fin de matinée, le rendement des bons du Trésor américain à trois mois se détendait à 0,6% contre 0,63% jeudi à la même heure.