Le soudain repli du billet vert américain a dopé à nouveau hier le prix de plusieurs produits de base, de même que la Bourse de Toronto dont la moitié de l'indice carbure aux ressources naturelles.

Le soudain repli du billet vert américain a dopé à nouveau hier le prix de plusieurs produits de base, de même que la Bourse de Toronto dont la moitié de l'indice carbure aux ressources naturelles.

Un très mauvais chiffre sur la production manufacturière dans l'État de New York a été très mal accueilli par les cambistes en début de séance.

«En l'espace de 15 minutes, notre monnaie a gagné plus de soixante centièmes contre le billet vert», note Frédéric Mayrand, vice-président principal et chef cambiste chez BNP Paribas.

Il a terminé en hausse de 64 centièmes, à 97,80 cents US.

La recrue de faiblesse du dollar américain a amené investisseurs et spéculateurs à se réfugier sur le marché des produits de base. Le pétrole a enregistré un nouveau record à 139,89$US le baril dans les minutes qui ont suivi. L'engouement pour l'or noir était aussi motivé par l'annonce d'un incendie sur une plate-forme de forage norvégienne qui pompe 150 000 barils par jour.

L'or noir a par la suite tout perdu ses gains, sur la foi de la déclaration d'un haut fonctionnaire des Nations unies. On lui aurait confié que l'Arabie saoudite s'apprêtait à porter sa production quotidienne à 9,7 millions de barils, soit 200 000 de plus que maintenant.

D'autres produits de base ne se sont pas repliés cependant. La demande pour le coton, dont les États-Unis sont le premier exportateur mondial, s'est soudain raffermie.

Le cours du maïs s'est aussi envolé vers un nouveau sommet, par suite des fortes inondations en Iowa qui mettent en péril une partie de la récolte. Le Midwest américain a reçu un déluge de 30 centimètres la semaine dernière.

Enfin, la nouvelle que la production industrielle chinoise turbinait au rythme annuel de 16% le mois dernier a poussé le prix du cuivre à un pic de six semaines.

Le sommet des ministres des Finances du G-8 au Japon durant le week-end a d'ailleurs fait ressortir que la cherté des produits de base supplante désormais l'assèchement du crédit comme leur préoccupation principale.

L'inquiétude est d'autant plus grande qu'elle survient au moment où l'économie occidentale s'essouffle. Banni pendant des années, le mot stagflation revient désormais fréquemment dans les analyses des économistes.

Presque tous les grands marchés boursiers pâtissent de cette situation, hormis quelques-uns dont le canadien.

Hier à Toronto, le maître-indice S&P/TSX a connu une bonne performance en engrangeant un gain de 165,82 points à 14 944,28 points. En milieu de séance, il s'est même aventuré quelques minutes au-dessus de la barre des 15 000. Il a fléchi sans arrêt par la suite, à mesure que l'or noir rendait ses gains.

Les grands indices américains ont connu une séance quasi étale.

«Le monde boursier n'en est pas à une bizarrerie près cette année, constate Vincent Delisle, stratège chez Scotia Capitaux. La Bourse recule de 8% aux États-Unis et de 15% environ en Europe. Au Canada, 75% des titres de l'indice perdent 10% depuis un an. Heureusement qu'on a des RIM, Potash, EnCana et autres Suncor.»

Les sociétés qui composent l'indice new-yorkais S&P 500 devraient enregistrer une troisième baisse d'affilée de leurs profits, ce printemps. Cela est dû à la fois au ralentissement de l'économie qui limite la progression des ventes et à la montée des prix des composantes qui comprime la rentabilité.

Ce matin, la publication de l'Indice des prix des produits industriels en mai devrait montrer un bond d'un point de pourcentage, selon la prévision des experts sondés par Bloomberg.

Tout ne peut être refilé au consommateur dont les revenus ont peu augmenté depuis un an.

«Les dépenses en énergie représentent plus de 6% des salaires. C'est davantage que durant le choc pétrolier de 1973-1974, fait remarquer Sherry Cooper, vice-présidente et économiste en chef chez BMO marchés des capitaux. L'inflation semble un problème potentiel plus important que la récession. La perspective d'une version modérée de la stagflation pour le restant de l'année se dessine.»