La crise du crédit a causé des dégâts majeurs dans les institutions financières aux États-Unis, sans épargner celles du reste du monde.

La crise du crédit a causé des dégâts majeurs dans les institutions financières aux États-Unis, sans épargner celles du reste du monde.

Or, l'heure des bilans est enfin arrivée pour les banques canadiennes, qui dévoilent ces jours-ci leurs résultats du premier trimestre, en plus d'affronter à tour de rôle leurs actionnaires réunis en assemblée. Échanges musclés en vue...

Les plus importantes banques canadiennes subiront probablement la première baisse de leurs bénéfices trimestriels en près de six ans en raison des dévaluations de titres de dette, d'un ralentissement des activités dans le secteur des activités de banque d'affaires (financement des entreprises, fusions, etc.).

Il se peut que la Banque Royale, la Banque Scotia et six autres banques fassent état d'une baisse moyenne de 5% de leurs bénéfices au premier trimestre de leur exercice, selon des estimations de Kevin Choquette, un analyste de Scotia Capital.

Ce serait la première baisse depuis le troisième trimestre de 2002. Les banques ont commencé à faire connaître leurs résultats mercredi, la Banque Laurentienne du Canada, qui a subi une baisse de profits de 7,3%, étant la première à s'exécuter.

Mais la chute des bénéfices pourrait être plus marquée une fois que seront incluses les radiations. Pour le trimestre terminé le 31 janvier dernier, la Banque CIBC et la Banque de Montréal ont annoncé des coûts combinés après impôts d'environ 1,94 milliard de dollars.

Il se peut que la dégringolade des profits se poursuive pendant le reste de l'année tandis qu'un ralentissement économique aux États-Unis, principal partenaire commercial du Canada, accroît les défaillances sur prêts, soutiennent des investisseurs et des analystes.

«Je ne crois pas que quiconque sache réellement quand ça va finir», soutient Chyanne Fickes, qui participe à la gestion d'environ 820 millions US chez Stone Asset Management, à Toronto, en ajoutant: «Cela fait tout simplement instiller davantage d'incertitude dans le coeur et l'esprit de tous les investisseurs quant à ce que les banques vont faire.»

Les plus importantes sociétés financières au monde ont dévoilé au moins 163 milliards US de pertes et de dévaluations relatives à des investissements liés aux prêts hypothécaires à risque aux États-Unis.

Le mois dernier, la Banque CIBC faisait état de coûts de 1,61 milliard US, ce qui se traduira peut-être par sa première perte trimestrielle depuis 2005. Plus tôt ce mois-ci, la Banque de Montréal soulignait qu'elle aurait des dépréciations et d'autres coûts de 325 M$ CAN.

«Les perturbations se poursuivent sur les marchés et l'environnement de crédit demeure un point d'interrogation», avance Robert Sedran, analyste de National Bank Financial, à Toronto.

Au cours des 12 derniers mois, le sous-indice des sociétés financières du S&P/TSX qui regroupe 43 membres, a chuté de 11%, pire dégringolade sur un an depuis l'an 2000.

Étant donné que les investisseurs anticipent une baisse des profits, les banques auraient peut-être avantage à procéder à des dévaluations maintenant, estime Pierre Bernard, vice-président de l'Industrielle Alliance, Gestion de fonds, qui gère des actifs d'environ 15 milliards.

«Si vous faites partie du conseil d'administration d'une banque, vous mettez le poing sur la table et vous demandez de faire connaître les mauvaises nouvelles tout de suite et non pas plus tard, dit M. Bernard. Le marché est préparé à ça.»

Les banques canadiennes pâtiront également de la baisse des revenus des activités de banques d'affaires, alimentée par une diminution des fusions et des marchés de capitaux plus faibles, selon Mario Mendonca, un analyste de Genuity Capital Markets.

Au cours des trois derniers mois, la valeur des rachats annoncés au Canada a chuté de près de 25% à 45,1 milliards US, selon des données compilées par Bloomberg.

Les revenus de transactions sur les valeurs mobilières (actions, obligations, etc.) des banques baisseront probablement d'une proportion pouvant atteindre 17% par rapport à un an plus tôt, estime M. Mendonca.

Au premier trimestre, le bénéfice net de la Banque Laurentienne a baissé de 7,3% à 19,1 millions, ou 68 cents par action, comparativement à 20,6 millions, ou 74 cents par action, a annoncé l'institution financière mercredi.

Cela tient compte d'un redressement fiscal de 5,6 millions qui a diminué les profits, a précisé mercredi la banque montréalaise.

La Banque Toronto-Dominion, la Banque Nationale et la Banque CIBC doivent faire connaître leurs résultats aujourd'hui (jeudi).