Le Japon, deuxième économie mondiale, a annoncé lundi son entrée en récession tandis que les marchés asiatiques, pour la plupart déçus par l'absence de résultats concrets au sommet financier du G20 à Washington, évoluaient en ordre dispersé.

Le Japon, deuxième économie mondiale, a annoncé lundi son entrée en récession tandis que les marchés asiatiques, pour la plupart déçus par l'absence de résultats concrets au sommet financier du G20 à Washington, évoluaient en ordre dispersé.

Aux Etats-Unis, le président élu Barack Obama a promis de prendre «toutes les mesures nécessaires pour faire redémarrer l'économie» et que cela passera par des dépenses, quitte à alourdir davantage le déficit budgétaire américain.

Le Japon a rejoint lundi la zone euro, l'Allemagne, l'Italie ou encore Hong Kong et l'Irlande sur la liste des pays et territoires entrés en récession, son économie s'étant contractée pour le deuxième trimestre consécutif. Le produit intérieur brut (PIB) nippon a diminué de 0,1% sur la période de juillet à septembre, après avoir déjà reculé de 0,9% sur la période d'avril à juin.

Cette contraction s'explique essentiellement par une forte diminution des investissements des entreprises, qui se serrent la ceinture en prévision de l'aggravation de la crise mondiale, et notamment d'un ralentissement de la demande aux Etats-Unis, premier client des exportations japonaises.

À la mi-séance, la Bourse de Tokyo gagnait 1,17% sur un rebond technique, après une chute de 2,88% en début de matinée. Outre la récession, l'absence de résultats concrets lors du sommet des grands pays industrialisés et émergents du G20, samedi à Washington, plombait cependant l'humeur du marché.

Vers 21h10 HAE, Singapour s'affichait en légère hausse de 0,15%, tandis que Sydney reculait de 2,06%, Séoul de 0,38% et Taipei de 0,46%. Hong Kong gagnait 0,27% dans les toutes premières transactions.

Le G20, dont les membres génèrent 85% du produit intérieur brut de la planète, a énuméré samedi une série d'«actions immédiates» pour empêcher l'économie mondiale de sombrer dans une récession prolongée, suggérant l'utilisation de «mesures budgétaires pour stimuler la demande interne avec des résultats rapides» ou des baisses des taux d'intérêt dans certains pays.

Cinq champs d'action ont été définis: remise à plat des aspects de la régulation qui exacerbent les crises, harmonisation des normes comptables, amélioration de la transparence des marchés de produits dérivés, révision des pratiques de rémunération des dirigeants de banques pour éviter des prises de risque excessives et «révision du mandat, de la gouvernance et des besoins en capitaux des institutions financières internationales».

Mais le G20 a écarté l'idée un moment évoquée d'un «supergendarme» de la finance mondiale, estimant que «la régulation relève avant tout de la responsabilité des régulateurs nationaux».

«On ne peut s'empêcher de penser qu'il s'agissait d'une réunion de façade. Les décisions les plus difficiles sur la réforme des régulations financières ont été évitées jusqu'au prochain sommet», a commenté Danica Hampton, stratège à la Bank of New Zealand, citée par Dow Jones Newswires.

«Les dirigeants n'ont évoqué aucune mesure concrète à court terme pour arrêter les turbulences sur les marchés. Cela pourrait préoccuper les marchés mondiaux cette semaine et au-delà», ont estimé eux aussi les analystes de Barclays Capital dans une note à leurs clients.

Sur le marché des changes, l'euro s'affichait en recul face au dollar. La devise européenne valait 1,2556 dollar lundi matin à Tokyo, contre 1,2591 dollar vendredi soir à New York.

Lors de son premier entretien télévisé depuis son élection le 4 novembre, le président américain élu Barack Obama a remarqué que la crise financière avait suscité un consensus entre les économistes de gauche comme de droite.

«Ce consensus consiste à dire que nous devons prendre toutes les mesures nécessaires pour faire redémarrer l'économie et qu'il va falloir dépenser de l'argent pour stimuler l'économie», a-t-il déclaré dimanche sur la chaîne CBS.

«Et que nous ne devons pas nous inquiéter du déficit cette année ni même l'année prochaine. Qu'à court terme, le plus important c'est d'éviter une aggravation de la récession», a ajouté M. Obama, qui prendra le 20 janvier ses fonctions à la Maison Blanche.

Il s'est notamment prononcé pour un plan de sauvetage de l'industrie automobile américaine, dont la faillite «serait une catastrophe». M. Obama a jugé qu'un dépôt de bilan serait fatal au numéro un du secteur, General Motors.

L'avenir des trois constructeurs automobiles américains, General Motors, Ford et Chrysler, pourrait se jouer cette semaine avec la reprise de la session du Congrès. La majorité démocrate souhaite une aide de 25 milliards supplémentaires pour les trois grands de Détroit, mais elle doit encore compter avec le droit de veto dont dispose le président sortant George W. Bush.

La crise financière a eu un double effet négatif pour les constructeurs en faisant chuter leurs ventes et en compliquant leur accès au crédit.

Le PDG de General Motors, Rick Wagoner, a déjà prévenu que son groupe, au bord du dépôt de bilan, avait besoin de l'aide financière des autorités fédérales sans attendre la prise de fonction de M. Obama. La situation de Ford et de Chrysler n'est guère plus enviable.