Après une série de mauvaises nouvelles et une énième vague de licenciements annoncée cette semaine, voilà que le spectre de la faillite rôde maintenant sur Nortel Networks (T.NT), selon des analystes.

Après une série de mauvaises nouvelles et une énième vague de licenciements annoncée cette semaine, voilà que le spectre de la faillite rôde maintenant sur Nortel Networks [[|ticker sym='T.NT'|]], selon des analystes.

Mark Sue, de la firme RBC Marché des capitaux, a ramené hier à zéro la valeur cible du titre de Nortel dans un rapport au ton très pessimiste. Pire, il entrevoit la «possibilité distincte» de voir l'étoile déchue des technos canadiennes acculée à déposer son bilan.

«À moins que le gouvernement n'intervienne ou qu'un partenaire financier d'importance ne se manifeste, Nortel pourrait manquer de liquidités avant que ses obligations de 1 milliard arrivent à échéance en 2011», a-t-il écrit.

Les craintes de M. Sue sont partagées par Gus Papageorgiou, de Scotia Capitaux. L'analyste n'écarte pas lui non plus une faillite du groupe ontarien. «C'est toujours une possibilité; il faudra voir comment ils vont se débrouiller au cours des deux prochains trimestres», a-t-il dit à La Presse Affaires.

Nortel est en mode restructuration depuis des années déjà. L'entreprise a annoncé lundi de nouvelles suppressions de 1300 postes, qui feront passer à moins de 30 000 ses effectifs dans le monde. À son sommet, la firme employait plus de 90 000 personnes.

Pour regarnir ses coffres, Nortel a aussi indiqué son intention de vendre sa filiale Metro Ethernet Networks (MEN) il y a deux mois. Cette unité, considérée comme un actif de premier plan, fabrique notamment des produits optiques utilisés dans les réseaux sans fil.

Or, la mise en vente de cette filiale «n'aurait pu arriver à un pire moment», estime l'analyste Mark Sue. Et pas seulement à cause de la crise mondiale du crédit.

«En raison de la situation difficile de Nortel, les acheteurs potentiels des actifs de la filiale Metro Ethernet pourraient offrir des prix qui reflètent cette difficulté», a-t-il écrit.

Résultat: l'unité MEN pourrait ne valoir l'an prochain «qu'une fraction» des 2 milliards estimés au départ, selon M. Sue. Cela pourrait forcer Nortel à se départir aussi de sa filiale CDMA, un scénario jugé périlleux par l'analyste.

Nortel s'est montrée avare de commentaires hier, faisant connaître sa position dans un bref courriel.

«La réduction des coûts et le maintien des liquidités sont des priorités pour Nortel, tant pour stabiliser notre situation financière que pour générer des fonds destinés à des investissements futurs, a écrit la société. Nous avançons de façon déterminée et avons élaboré un plan clair pour renforcer notre situation financière.»

Nortel a annoncé lundi un recul de 14% de son chiffre d'affaires et une perte nette de 3,4 milliards au troisième trimestre.

L'entreprise avait déjà révisé ses prévisions à la baisse en septembre, «mais dans les semaines qui ont suivi, nous avons assisté à une détérioration des conditions économiques, accompagnée d'une extrême volatilité des marchés financiers, des devises et du crédit», a déclaré lundi le PDG, Mike Zafirovski.

En plus d'abolir 1300 emplois, Nortel gèlera notamment les salaires et les embauches en 2009, en plus de supprimer le dividende sur ses actions privilégiées. Autant de mesures qui permettront d'économiser 400 millions l'an prochain, selon l'entreprise.

Nortel n'a pas indiqué clairement si elle comptait demander une quelconque aide du gouvernement fédéral, hier. Selon la réponse transmise par courriel, il semble toutefois que la société tentera de se sortir seule de sa situation fâcheuse grâce à son nouveau plan de restructuration.

Il a aussi été impossible de savoir si Ottawa est ouvert à l'idée d'intervenir pour sauver l'ancien fleuron ontarien des télécoms. L'attachée de presse de Tony Clement, ministre fédéral de l'Industrie, n'a pas rappelé La Presse Affaires en fin d'après-midi.

Mercredi, le Conference Board du Canada a plaidé pour qu'Ottawa devienne le guichet de dernier recours pour les entreprises frappées par la crise économique, entre autres dans le secteur de l'automobile.

Le titre de Nortel Networks a clôturé à 90 cents hier à la Bourse de Toronto, en hausse de 21 cents. À son sommet en 2000, l'action valait 123$, ou plutôt 1230$ en tenant compte du regroupement d'actions effectué il y a deux ans.