On pensait enfin en tenir une. Une bonne nouvelle en ces temps où tout va mal. Les dernières données sur le PIB montrent une forte croissance de l'économie du Québec. Mais les économistes sont rapidement venus gâcher le party.

On pensait enfin en tenir une. Une bonne nouvelle en ces temps où tout va mal. Les dernières données sur le PIB montrent une forte croissance de l'économie du Québec. Mais les économistes sont rapidement venus gâcher le party.

L'Institut de la statistique du Québec a révélé hier que le PIB réel de la province a grimpé de 0,5% en juillet par rapport à juin, une hausse qualifiée d'importante par les économistes.

Le hic : comme il faut du temps pour compiler les données du PIB, elles reflètent le passé et non le présent. Et en juillet, la crise financière n'avait pas encore atteint son paroxysme.

«Je pense que se réjouir d'un 0,5% en juillet alors que tous les effets négatifs de la crise financière ne s'étaient pas encore fait sentir, ça serait un peu se mettre la tête dans le sable», dit Hélène Bégin, économiste au Mouvement Desjardins.

«Ce qu'on dit, c'est que c'est le dernier souffle de l'économie du Québec», va-t-elle même jusqu'à ajouter.

Voilà pour ceux qui s'apprêtaient à sortir le champagne.

Ceci étant dit, il est tout de même intéressant d'examiner ce qui faisait briller le soleil en juillet. On apprend que le secteur manufacturier avait recommencé à croître après deux mois de baisse ( + 0,9% par rapport à juin) et que l'extraction minière était en force hausse (+ 5,1%). Tant la construction (+0,3 %) et le commerce de gros (+0,5%) que le commerce de détail (+0,6%) avaient aussi progressé.

«On ne peut pas dire qu'un secteur en particulier est responsable de la croissance. La hausse est assez bien distribuée», observe Marc Pinsonneault, économiste principal à la Financière Banque Nationale.

La croissance du PIB a été légèrement supérieure au Canada en juillet, atteignant 0,7%.

L'avenir moins rose

Si on ne sait pas encore comment a évolué le PIB depuis juillet, d'autres données laissent croire qu'il a probablement perdu de sa vigueur. La création d'emplois a été très solide en septembre, mais on a appris cette semaine que la confiance des consommateurs canadiens est à son plus bas depuis 1982 et que les exportations internationales du Québec ont chuté de 8,3% de juillet à août.

«Le secteur de la fabrication devrait se détériorer au cours des prochains mois. L'économie américaine, qui pourrait mettre du temps à sortir de la période de contraction, prolongera les difficultés des fabricants», dit Hélène Bégin, du Mouvement Desjardins.

La force des chiffres de juillet devrait quand même permettre de garder le troisième trimestre (juillet-août-septembre) en territoire positif malgré les ralentissements pressentis en août et septembre. Une bonne nouvelle compte-tenu du fait que tant Mme Bégin, de Desjardins, que Marc Pinsonneault, de la Nationale, prédisent un quatrième trimestre négatif au Québec.

Si ces prévisions se réalisent, nous échapperons donc à la récession technique - deux trimestres négatifs de suite. Hélène Bégin prédit un retour en territoire positif pour le premier trimestre de 2009, ce qui permettrait encore une fois d'éviter la fameuse récession.

«Selon notre scénario, l'économie du Québec ne connaîtra pas de récession, mais va faire du yo-yo entre le positif et le négatif», résume l'économiste.