Les bourses européennes ont connu une nouvelle journée de tourmente hier, finissant en forte baisse après avoir frôlé le gouffre.

Les bourses européennes ont connu une nouvelle journée de tourmente hier, finissant en forte baisse après avoir frôlé le gouffre.

Le CAC 40, à Paris, a terminé en recul de 3,54% à 3193 points après avoir enregistré une baisse de 10,61% au plus fort de la chute. L'indice était alors passé sous la barre des 3000 points, chose qui n'avait pas été vue depuis cinq ans.

À Londres, le Footsie a reculé de 5% tandis que la Bourse de Francfort dévissait de 4,96%. Les autres Bourses européennes, d'Amsterdam à Madrid, ont aussi reculé fortement de plusieurs points de pourcentage.

La bourse moscovite, malmenée depuis des semaines, a encore été durement touchée, poussant les autorités à suspendre toute transaction jusqu'à mardi prochain.

La morosité des investisseurs - décrite comme une «capitulation» par plusieurs analystes - est alimentée par les mauvaises nouvelles économiques, qui ne cessent de se multiplier.

Tant le Fonds monétaire international que l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ont révisé à la baisse leur projection de croissance pour la zone euro. Elle devrait être de l'ordre de 1,3% pour 2008 et diminuer sensiblement pour 2009.

L'euro est fortement malmené. La devise européenne a perdu près de 20% face au dollar américain en trois mois. Et le yen atteint son plus haut niveau en près de 15 ans.

Témoignant du ralentissement en cours, les constructeurs automobiles français ont annoncé hier une forte baisse de leur chiffre d'affaires et de leurs prévisions de revenus, entraînant la plongée du cours des actions du secteur. Le même mécanisme a joué dans le secteur du transport aérien, confronté à une baisse dramatique du fret.

«Gouvernance économique»

Malgré les interventions répétées à coups de milliards des autorités, les titres bancaires continuent de connaître des difficultés. L'euphorie boursière suscitée il y a quelques semaines par l'annonce que les États européens entendaient se porter garants de centaines de milliards de prêts interbancaires tout en injectant des milliards pour recapitaliser les principaux établissements est rapidement retombée.

Le président français Nicolas Sarkozy, qui préside l'Union européenne, préconise aujourd'hui l'instauration d'une forme de «gouvernance économique» pour la zone euro qui s'articulerait à travers les réunions régulières des chefs d'États.

L'approche risque de relancer les tensions entre les chefs d'États des principaux pays du continent, qui ont mis du temps à trouver une réponse coordonnée à la crise, chacun y allant de sa propre initiative. La chancelière allemande Angela Merkel a fait froidement savoir qu'elle entendait «discuter» avec son homologue français de ses plus récentes propositions.

En référence à la crise actuelle, le président français a plaidé hier pour la création d'un front commun des 43 pays membres du Forum Europe Asie lors d'une allocution prononcée à Pékin.

«Le monde va mal», a-t-il déclaré, résumant l'évidence.