Un choeur de critiques réclame une étude approfondie de la proposition de vente de deux joyaux d'ingénierie canadiens à un géant de l'industrie américaine de l'armement.

Un choeur de critiques réclame une étude approfondie de la proposition de vente de deux joyaux d'ingénierie canadiens à un géant de l'industrie américaine de l'armement.

Alliant Techsystems of Minneapolis (ATK) - qui fabrique notamment des bombes à dispersion, des mines et des munitions - veut racheter les activités du Bras canadien de navette spatiale et de satellite RADARSAT auprès de la firme de Vancouver MacDonald, Dettwiler and Associates [[|ticker sym='T.MDA'|]].

La transaction de 1,325 milliard $ fera l'objet d'une étude obligatoire d'Industrie Canada en vertu de la Loi sur Investissement Canada.

Mais selon les opposants à cette transaction, cette étude devrait regarder au-delà des données économiques de la vente.

Des groupes pacifistes et les partis d'opposition font valoir que la vente menace de placer le Canada en situation d'infraction par rapport au traité international sur les mines antipersonnel de 1997, qu'il a pourtant aidé à rédiger.

Ils estiment aussi que la vente pourrait rendre la technologie canadienne complice de la course à l'armement dans l'espace.

«Il existe de sérieuses inquiétudes quant à la destination de cette technologie», a affirmé la critique du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière d'industrie, Peggy Nash.

Bob Rae, le porte-parole libéral en matière d'affaires étrangères, a rappelé l'investissement de 430 M$ du gouvernement canadien dans le projet RADARSAT.

«Bien que la fabrication (de mines) n'aurait pas nécessairement lieu au Canada, nous serions tout de même en position de subventionner - par le biais de bourses et d'autres subventions (à la technologie) - une compagnie qui est impliquée dans cette industrie. C'est quelque chose à quoi nous devons penser très attentivement.»

ATK est l'une de deux compagnies américaines qui s'est vu attribuer d'importants contrats militaires américains pour produire une nouvelle génération de systèmes de mines.

Le système «spider» d'ATK, qui se targue d'être conforme au traité puisqu'il peut être désactivé et s'autodétruire, inquiète tout de même certains pacifistes, qui y voient toujours des mines antipersonnel «non discriminantes», a noté le directeur de Mines Action Canada, Paul Hannan.

«Nous avons d'importantes inquiétudes quant à l'implication de cette acquisition», a affirmé M. Hannan jeudi depuis Gex, en France, où il participe à une retraite de la Campagne internationale pour l'interdiction des mines antipersonnel.

«Puisque le Canada a mené tout le mouvement pour interdire cette arme et qu'il a été le premier pays à signer et ratifier le traité, je crois qu'il est important que toutes les compagnies qui oeuvrent au Canada comprennent qu'en vertu de ce traité - et en vertu des lois nationales canadiennes - c'est une offense criminelle d'utiliser ou de produire des mines antipersonnel», a indiqué M. Hannan.

ATK a émis un communiqué jeudi pour contester les allégations des critiques.

«Il est très important de noter qu'en vertu de nos politiques et de la loi, ATK ne peut fournir que les pays de l'OTAN et les autres alliés avec des systèmes qui respectent la convention d'Ottawa et sont assujettis à l'approbation du gouvernement américain.»

Dans un courriel distinct, le porte-parole d'ATK, Brian Cullin, a noté que les employés de MacDonald, Dettwiler and Associates «continueraient à travailler dans les secteurs avec lesquels ils ont bâti leur réputation dans l'industrie des programmes spatiaux».