À Montréal, le prix litre de mazout atteint 72,6 cents en moyenne cette semaine. Il se vendait 62 cents à la même période l'an dernier, selon les données de la Régie de l'énergie. Un écart de 17%.

À Montréal, le prix litre de mazout atteint 72,6 cents en moyenne cette semaine. Il se vendait 62 cents à la même période l'an dernier, selon les données de la Régie de l'énergie. Un écart de 17%.

«C'est assez important, 10 cents le litre sur 500 litres, ça commence à faire pas mal d'argent, c'est 50$ de plus la tank!» a souligné à La Presse Affaires André Mathieu, directeur de succursale chez Pétroles Vosco à Valleyfield.

Un bungalow standard de 900 pieds carrés chauffé seulement à l'huile et non en biénergie consomme entre 2200 et 2500 litres de mazout par année, explique M. Mathieu.

Pour le proprio d'une telle demeure, la facture bondira de 250 $ cet hiver si les prix se maintiennent à leur niveau actuel.

Jean-Thomas Bernard, professeur d'économie à l'Université Laval et spécialiste des questions d'énergie, est catégorique l'électricité demeure le moyen le plus abordable de chauffer son logis.

«L'électricité, ça ne coûte pas cher à l'opération et ça coûte beaucoup moins cher à installer, a souligné M. Bernard. Des plinthes électriques, ça ne coûte presque rien.»

Le chauffage électrique fait bonne figure, surtout quand on la compare à des systèmes anciens et peu efficaces au gaz ou au mazout.

Pour chauffer pendant un an une maison de 1500 pieds carrés située à Montréal, aux tarifs actuels, il en coûtera 1012 $ avec l'électricité, comparativement à 1513 $ avec le mazout et 1302 $ avec le gaz naturel.

La donne change beaucoup lorsqu'on compare l'électricité à des systèmes plus récents, qui offrent des rendements élevés de 95%.

Avec ce scénario, il en coûtera 955$ pour chauffer la maison au mazout et 823$ au gaz, estime l'Agence de l'efficacité énergétique. Des chiffres qui reflètent uniquement les coûts d'utilisation, et non d'installation.

Hécatombe chez les vendeurs d'huile?

Malgré la hausse marquée des prix, les vendeurs de mazout affirment ne pas perdre trop de clients. «Pour l'instant, il n'y a pas de changement plus significatif que dans le passé», a dit Robert Théberge, porte-parole de L'Impériale Esso.

«Il y a beaucoup de gens qui ont installé des fournaises dans les années 80 et 90, et ces systèmes-là sont encore efficaces, alors ça sauve un peu la donne, a pour sa part souligné André Mathieu, de Pétroles Vosco. Quand un client décide de changer (de système), c'est là qu'on a de la misère à garder notre clientèle.»

Selon le professeur Jean-Thomas Bernard, les prix du pétrole et de ses dérivés ont toutes les chances de demeurer élevés.

«Est-ce que ça va baisser? Dans l'immédiat, c'est très difficile de voir comment ça pourrait baisser, a-t-il dit. On consomme environ 85 millions de barils par jour à l'échelle de la planète, et partout, on produit à pleine capacité, sauf l'Arabie Saoudite qui pourrait peut-être produire 500 000 ou 1million de barils de plus.»

Nouveau record

Les cours du pétrole ont franchi de nouveaux records hier à New York. Le prix d'un baril de light sweet crude pour livraison en novembre a atteint 89,69 $ US en co'exercice du jamais vu. Il a clôturé à 89,47 $ US, en hausse de 2,07 $ US, ou 2,4%.

La tension grandissante au Proche-Orient a contribué à la hausse accélérée des derniers jours, selon plusieurs experts.

Mercredi, le Parlement turc a autorisé de possibles offensives militaires dans le nord de l'Irak, pour déloger des rebelles du Parti des travailleurs kurdes.

L'escalade verbale entre Washington et Téhéran est aussi venue amplifier l'incertitude sur le marché de l'énergie. L'Iran détient les troisièmes réserves mondiales de pétrole, après l'Irak.