CMC Électronique a commencé à voir la couleur des retombées industrielles liées aux contrats militaires du gouvernement fédéral.

CMC Électronique a commencé à voir la couleur des retombées industrielles liées aux contrats militaires du gouvernement fédéral.

Le géant américain Lockheed Martin, qui a décroché un contrat de 1,4 milliard auprès d'Ottawa pour la fourniture de 17 avions de transport tactique C-130J (Hercules), a choisi deux produits de CMC pour équiper les Hercules qui sortiront désormais des chaînes de production. À l'heure actuelle, Lockheed Martin estime cette production à 200 unités.

En outre, de 170 à 180 appareils existants pourront bénéficier de ces produits, soit un «afficheur de mission portatif» et un capteur GPS.

L'afficheur de mission est un petit ordinateur qui permet de planifier et d'effectuer les missions en abritant des cartes et des logiciels divers.

«C'est la version militaire de l'organisateur électronique de vol qu'on peut trouver sur les avions commerciaux, a commenté le vice-président à l'aviation militaire de CMC, Jean-Michel Comtois. C'est un lancement.»

M. Comtois a rencontré les journalistes à l'ombre d'un C-130J des forces américaines qui revient d'une mission en Irak et qui est exposé présentement au Salon aéronautique de Farnborough.

L'afficheur, qui a l'aspect d'un petit boîtier doté d'un grand écran, a été militarisé, c'est-à-dire qu'il est plus résistant aux vibrations et aux températures extrêmes et qu'on peut l'utiliser autant en pleine noirceur que dans la grande clarté.

L'afficheur n'est pas très cher si on le compare à d'autres instruments militaires, soit autour de 25 000$ l'unité. Chaque avion pourra en compter trois, peut-être plus. Mais ce contrat relativement modeste pourrait avoir d'importantes retombées.

«Pour nous, c'est l'occasion de se faire connaître par des clients qui n'auraient pas eu l'instinct de venir nous voir, a affirmé M. Comtois. Nous ne sommes pas Honeywell ou Rockwell Collins, mais dans ces créneaux-là, nous sommes durs à battre.»

CMC, filiale de la firme américaine Esterline, n'a pas détaillé le coût du capteur GPS, mais a indiqué que ce contrat avait un potentiel encore plus élevé que celui portant sur l'afficheur.

«Ça va devenir le standard pour tous les avions de transport militaire", a affirmé M. Comtois.

En vertu du programme de retombées industrielles, les entreprises qui décrochent les grands contrats militaires du gouvernement canadien doivent dépenser au Canada un dollar pour chaque dollar du contrat.

«C'est la première fois que nous avons des retombées industrielles chez nous», a noté le président et chef de la direction de CMC, Jean-Pierre Mortreux.

RTI Claro

Une des entreprises québécoises qui ont bénéficié du programme de retombées, la lavalloise RTI Claro, était à Farnborough hier pour annoncer qu'elle investira 13,45 millions de dollars pour acquérir de nouveaux équipements. Cet investissement, qui bénéficiera d'une contribution du gouvernement du Québec de 1 million, devrait entraîner la création d'une cinquantaine d'emplois.

RTI Claro a décroché au début de l'année un contrat de près de 400 millions pour fabriquer le plancher du nouveau 787 de Boeing, le Dreamliner. Ottawa a choisi Boeing pour fournir quatre avions de transport stratégique et 16hélicoptères Chinook CH-47. Les retombées industrielles que l'entreprise doit générer ne sont pas nécessairement liées directement aux produits militaires visés par les contrats.

RTI Claro compte également Bombardier parmi ses clients : elle effectue notamment l'assemblage des sous-ailes des biréacteurs régionaux CRJ. Maintenant, la CSeries est dans la ligne de mire de l'entreprise.

«Nous avons de la place pour prendre encore de l'expansion», a déclaré Francisco Vega, directeur du secteur commercial chez RTI Claro.

LISI Aéronautique

L'entreprise LISI Aéronautique, récemment implantée à Dorval, participera également au projet du Dreamliner avec des boulons en matériaux durs. Elle a annoncé hier à Farnborough un projet d'expansion de 10 millions de dollars qui devrait permettre la création de 150 emplois. LISI bénéficiera d'une contribution de 1,9 million du gouvernement québécois.

Le ministre du Développement économique du Québec, Raymond Bachand, s'est réjoui de ces investissements. «Ça lance un message positif aux jeunes, qui voient qu'ils peuvent faire confiance à l'industrie aéronautique pour y effectuer leur carrière», a-t-il déclaré.