La décision prise il y a trois ans par Edmund Clark, PDG de la Banque Toronto-Dominion (T.TD), de se débarrasser des titres de dette liés aux prêts hypothécaires à risque, des produits «allant contre le bon sens», pourrait s'avérer encore avantageuse cette semaine.

La décision prise il y a trois ans par Edmund Clark, PDG de la Banque Toronto-Dominion [[|ticker sym='T.TD'|]], de se débarrasser des titres de dette liés aux prêts hypothécaires à risque, des produits «allant contre le bon sens», pourrait s'avérer encore avantageuse cette semaine.

La troisième banque en importance au Canada évitera probablement des dépréciations sur des valeurs liées aux subprimes (prêts hypothécaires à risque) lorsqu'elle dévoilera les résultats de son deuxième trimestre demain.

Cela contraste avec la situation de ses cinq concurrentes, dont la Banque Royale et la Scotia, qui sont susceptibles de faire état d'une somme combinée de 4 milliards de dollars en dépréciations et en pertes de crédit, ce qui s'ajoutera aux 6,6 milliards radiés au cours des trois trimestres précédents.

«Ed Clark est un homme brillant», lance David Baskin, président de Baskin Financial Services, à Toronto, qui gère des actifs d'environ 400 millions, y compris des actions de la TD. «On doit absolument lui rendre hommage de ne pas s'être laissé emporter par la frénésie des prêts hypothécaires à risque», ajoute-t-il.

Selon Robert Sedran, analyste de la Financière Banque Nationale, les bénéfices de la TD avant éléments non récurrents ont probablement augmenté de 3,7% au deuxième trimestre, alors que les profits des banques canadiennes concurrentes auront baissé d'une moyenne de 5%.

Ce serait la plus forte baisse en environ six ans. Les prêteurs commencent à divulguer leurs résultats aujourd'hui, et les premiers à le faire seront la Banque de Montréal, quatrième au pays au chapitre des actifs, et la Scotia, la deuxième.

M. Clark, 60 ans, a annoncé en mai 2005 que la Banque Toronto-Dominion allait renoncer aux produits structurés, qui comprennent des titres adossés à des créances obligataires et des produits dérivés sur les taux d'intérêt.

Cette décision s'inscrivait dans la stratégie de la banque de se concentrer sur le secteur des services bancaires grand public après que des prêts à des entreprises de télécommunications comme Teleglobe et XO Communications eurent provoqué la première perte annuelle de l'entreprise en 2002.

Les autres banques canadiennes ont fait preuve de moins de prudence. Le 14 mai dernier, la Banque Royale a annoncé qu'elle procéderait à une dépréciation de 855 millions sur ses investissements dans des titres de dette, ce qui s'ajoute aux 430 millions inscrits au premier trimestre. La banque fera connaître ses résultats du deuxième trimestre ce vendredi.

La Banque Nationale, qui a procédé à une dépréciation de 25% de la valeur de son portefeuille de papier commercial au trimestre précédent, publiera ses résultats jeudi. Des analystes s'attendent à ce qu'une autre dépréciation pouvant atteindre 300 millions soit annoncée à cette occasion.

De plus, selon Sumit Malhotra, analyste de Merrill Lynch, la Scotia et la Banque de Montréal pourraient annoncer des dépréciations d'environ 200 millions US au deuxième trimestre, alors que les coûts à la Banque CIBC, cinquième prêteur en importance au pays, pourraient atteindre 2 milliards.

La Banque CIBC a déjà effectué plus de dépréciations que toute autre banque canadienne, y compris 3,38 milliards au cours du trimestre terminé le 31 janvier.

Il reste que la Banque Toronto-Dominion n'est pas à l'abri des coups durs. La croissance économique plus lente au Canada pourrait se traduire par un bond de 26% des provisions pour créances douteuses au cours du présent trimestre, d'après des estimations de Darko Mihelic, analyste de CIBC Marchés mondiaux.

En outre, les bénéfices de la division TD Securities sont susceptibles de chuter de 30%, ajoute M. Mihelic, en raison du marché des fusions au Canada le moins actif en quatre ans.

Enfin, certains investisseurs s'inquiètent de ce que le rachat, le mois dernier, de Commerce Bancorp, du New Jersey, au prix de 7,5 milliards, n'accroisse les risques de prêt. Ce rachat permet à la banque de doubler ses opérations aux États-Unis, ajoutant environ 460 établissements dans neuf États.

Le titre de la TD a profité du fait que la banque a pu éviter les dépréciations puisqu'il a progressé d'environ 1% depuis le 1er août 2007, au moment où les pertes liées aux prêts hypothécaires à risque ont commencé à s'accumuler.

Au cours de la même période, les neuf membres du sous-indice bancaire de Standard&Poor's/TSX ont accusé un recul de 9,2%.

Hier, l'action de la Banque Toronto-Dominion a gagné 19 cents, à 68,55$, à la Bourse de Toronto.