Les agents de contrôle ne chôment pas à l'aéroport Montréal-Trudeau. Ils saisissent quatre tonnes de liquides -des bouteilles d'eau, de parfum, de crème solaire- chaque semaine!

Les agents de contrôle ne chôment pas à l'aéroport Montréal-Trudeau. Ils saisissent quatre tonnes de liquides -des bouteilles d'eau, de parfum, de crème solaire- chaque semaine!

À Montréal comme ailleurs, la sécurité est omniprésente depuis les attentats terroristes du 11 septembre 2001. Des milliards de dollars ont été investis dans le monde pour embaucher du personnel et acheter des appareils de détection ultraperfectionnés.

Le transport aérien n'a en apparence jamais été aussi sûr, mais d'importantes failles demeurent, affirme le professeur Andrew Robert Thomas, de l'Université d'Akron, auteur du livre Aviation Insecurity.

«Le fait d'interdire les liquides, de faire enlever les chaussures aux gens, c'est de la parure, pas de la sécurité, tranche-t-il. Ça vise seulement à rassurer les voyageurs. On se prépare encore de manière très intense à un détournement d'avion, alors que le risque réel est très faible.»

Selon M. Thomas, des secteurs névralgiques sont négligés à l'heure actuelle. Il faudrait d'après lui surveiller de beaucoup plus près le transport cargo et les employés des aéroports.

«C'est de là que la plupart des menaces proviennent depuis le 11 septembre», avance-t-il.

Le professeur plaide aussi pour une analyse plus poussée du profil des passagers.

«Il faut étudier le comportement des voyageurs à l'aéroport, et même avant qu'ils y arrivent: de quelle manière achètent-ils leurs billets? Dans quels pays sont-ils allés avant? Ont-ils des bagages et que mettent-ils dedans? Où s'asseoient-ils dans l'avion?»

La technologie existante permettrait de collecter toutes ces données, soutient M. Thomas.

«Mais il y a beaucoup de réticence, car quand on parle de profilage, les gens croient qu'on va viser seulement les gens à la peau foncée. Or, c'est vraiment comportemental, et non racial.»

Au Canada, c'est l'Administration canadienne de la sûreté dans le transport aérien (ACSTA) qui est responsable depuis 2002 des questions de sécurité dans les aéroports.

L'organisme a été créé par le gouvernement fédéral après les attentats terroristes de 2001 et doté d'un budget de 2,2 milliards de dollars sur cinq ans.

Il a été impossible de s'entretenir avec le président de l'ACSTA, Jacques Duchesneau, malgré nos demandes répétées.

Les agents de l'ACTSA ont saisi 806 000 objets interdits dans les aéroports canadiens en 2006, ce qui exclut les liquides.