Les cambistes commencent à prendre le gouvernement britannique au mot et ils font en sorte que la livre anglaise, déjà malmenée, s'oriente vers sa pire année depuis 1992.

Les cambistes commencent à prendre le gouvernement britannique au mot et ils font en sorte que la livre anglaise, déjà malmenée, s'oriente vers sa pire année depuis 1992.

La livre anglaise est surévaluée d'environ 20% par rapport au dollar américain, même après s'être dépréciée de plus de 10% cette année, selon International Foreign Exchange Concepts, de New York, plus important fonds spéculatif de devises au monde.

Les négociateurs de contrats à terme adoptent la position la plus baissière par rapport à la devise anglaise qu'en tout autre temps des 16 dernières années.

La morosité immobilière la plus prononcée en Grande-Bretagne en 18 ans a incité Alistair Darling, le chancelier de l'Échiquier (équivalent du ministre des Finances), à avertir le pays qu'il doit faire face au pire ralentissement économique depuis la Deuxième Guerre mondiale.

La Banque d'Angleterre a laissé les taux d'intérêt inchangés pour le cinquième mois la semaine dernière de manière à contrer l'inflation qui s'est accélérée à 4,4% en juillet dernier, soit le double de la cible visée par la banque.

Au cours des deux périodes antérieures où l'économie britannique s'est refroidie depuis 1997, la livre a chuté d'une proportion qui a atteint 19%, selon des données compilées par Bloomberg.

Il est possible que la livre "soit massivement surévaluée par rapport au dollar", soutient John Taylor, qui gère des actifs de 14,6 milliards US à titre de PDG d'International Foreign Exchange Concepts. «Ils vont devoir procéder à une baisse, ajoute-t-il. J'ignore de qui ils pensent se moquer en gardant la livre à ce niveau.»

Dépréciée de 11% cette année, la dégringolade de la livre anglaise a pris les investisseurs et les stratèges par surprise. La devise britannique a terminé la semaine dernière à 1,7661 $US, soit sous la prévision médiane de fin d'année de 1,85 $US de 35 firmes sondées par Bloomberg.

La dernière fois que la livre a chuté autant en une année, c'était il y a 16 ans lorsque George Soros a empoché plus de 1 G$ US en spéculant contre la devise et au moment où l'économie britannique émergeait de sa dernière récession. Hier, à Londres, la livre reculait à 1,7638 $US.

Depuis le sommet de 26 ans, à 2,1161 $ US, atteint le 9 novembre dernier, la livre anglaise s'est dépréciée de 16,5% par rapport au dollar américain.