Les deux piliers du refinancement hypothécaire aux Etats-Unis, Fannie Mae et Freddie Mac, placés dimanche sous tutelle des pouvoirs publics, assurent depuis quarante ans la fluidité du marché du crédit immobilier américain en rachetant des prêts aux banques.

Les deux piliers du refinancement hypothécaire aux Etats-Unis, Fannie Mae et Freddie Mac, placés dimanche sous tutelle des pouvoirs publics, assurent depuis quarante ans la fluidité du marché du crédit immobilier américain en rachetant des prêts aux banques.

De leurs vrais noms Federal National Mortgage Association (Fannie Mae) et Federal Home Loan Mortgage Corporation (Freddie Mac), les deux établissements sont des sociétés privées, qui ne sont pas liées formellement à l'Etat américain mais disposent d'une ligne de crédit garantie par ce dernier.

Cette facilité leur permet d'emprunter de l'argent sur le marché à des taux bien plus faibles qu'une banque. Tous deux usent de cette capacité pour remplir leur mission, à savoir racheter des prêts immobiliers aux établissements de crédit qui les ont souscrits.

En se portant acquéreurs de ces prêts, Fannie Mae et Freddie Mac permettent aux établissements de crédit de s'en décharger et de pouvoir ainsi souscrire de nouveaux prêts. Ils garantissent ainsi le maintien d'une offre de crédit à des conditions plus favorables que si le marché se régulait seul.

Aucune des deux sociétés ne consent directement des prêts à des particuliers.

Comme le reste de l'édifice financier, Freddie Mac et Fannie Mae n'ont pas été épargnés par l'effondrement conjoint des marchés de l'immobilier américain et du crédit, survenus il y a un peu plus d'un an.

Les deux groupes ont subi plusieurs mouvements de panique boursière cet été, ce qui a conduit les autorités américaines à mettre au point un plan d'aide public. En un an, les actions Freddie Mac et Fannie Mae ont perdu 90% de leur valeur à la Bourse de New York.

Deux des dispositions du plan de dimanche étaient connue depuis le mois de juillet: le Trésor a la possibilité d'acheter des titres subordonnés émis par les deux établissements. De son côté, la banque centrale (Fed) leur donne la possibilité de se refinancer à sa fenêtre d'escompte, conçue à la base pour les banques commerciales mais élargie récemment aux banques d'affaires.

Créé en 1938 en tant qu'établissement public sous l'impulsion du président américain Franklin Roosevelt, pour contribuer à sortir de la Grande Dépression, Fannie Mae est passé sous statut privé en 1968. Freddie Mac est lui né d'une loi votée par le Congrès en 1970, pour répondre à l'expansion du marché hypothécaire.

Depuis, leurs portefeuilles de prêts ont crû à un rythme très soutenu, celui de Freddie Mac faisant plus que tripler entre 1995 et 2007.

A la fin mai, leurs engagements atteignaient au total 5.200 milliards de dollars,

soit un tiers de la capitalisation de la Bourse de New York et plus d'un tiers du Produit intérieur brut américain.

Leur rayon d'action est très étendu grâce à la titrisation, procédé qui permet de transformer des créances en obligations, pour les vendre ensuite sur les marchés.

L'an dernier, les obligations adossées à des prêts immobiliers ont été le principal moteur de la propagation de la crise des crédits immobiliers à risque, dits «subprime», aux marchés financiers.

Fannie Mae et Freddie Mac ont longtemps fait preuve d'une certaine opacité dans leur gestion, laquelle a été sévèrement critiquée, avant d'amorcer un redressement ces dernières années.

Fin 2004, Fannie Mae avait été reconnu coupable par l'autorité américaine des marché (SEC) d'avoir manipulé ses comptes sur des produits dérivés, l'obligeant à rembourser neuf milliards de dollars.