Les promoteurs immobiliers qui construisent le projet Urbania, de Laval, se livrent une âpre bataille d'actionnaires au sujet du contrôle et des profits de cet ambitieux lotissement de condos de 200 millions de dollars.

Les promoteurs immobiliers qui construisent le projet Urbania, de Laval, se livrent une âpre bataille d'actionnaires au sujet du contrôle et des profits de cet ambitieux lotissement de condos de 200 millions de dollars.

Urbania, situé près de la nouvelle station de métro Montmorency, a été présenté comme le coeur du futur «centre-ville de Laval». Après de nombreux ratés et une controverse sur le transfert des terrains, la construction d'Urbania a commencé et plusieurs immeubles ont déjà été érigés.

Les actionnaires minoritaires (40%) Robert Vivian et Abderrazak Boughanmi poursuivent Raymond Lessard, président et actionnaire de contrôle (60%) de Groupe Versant Immobilier Inc, la firme qui construit et promeut les condos d'Urbania. L'épouse de M. Lessard, Lucie Martel, ainsi que son fils, Sébastien Lessard, - tous deux administrateurs - sont aussi visés par la poursuite.

La poursuite de MM. Vivian et Boughanmi est une «requête en oppression», une procédure parfois utilisée par les actionnaires minoritaires de firmes à capital fermé s'estimant victimes d'abus de droit par l'actionnaire majoritaire.

Lorsqu'ils ont déposé leur requête, le 27 novembre dernier, MM. Vivian et Boughanmi demandaient notamment à la cour d'obliger à M. Lessard à leur remettre les états financiers des cinq dernières années de la compagnie ainsi qu'une abondante documentation financière des dépenses, ventes et profits de la compagnie (relevés de comptes bancaires et de cartes de crédit, registres des ventes de condos, etc.).

Les plaignants affirment avoir été unilatéralement mis à la porte du conseil d'administration de la coentreprise avec M. Lessard, le 20 janvier 2005. Depuis, seul M. Lessard, sa femme et son fils siègent au conseil et, selon la poursuite, ces derniers «agissent de concert pour effectuer une distribution inéquitable des profits». Le «stratagème» implique la facturation «exorbitante» par des firmes contrôlées par la famille Lessard.

Depuis leur exclusion du conseil, allèguent les plaignants, M. Lessard fait de «l'obstruction systématique» à une vérification financière des livres de la compagnie.

Hier, après une brève audience, la Cour supérieure a reporté au 17 novembre la prochaine la prochaine échéance dans cette poursuite intentée le 27 novembre 2007.

Le 18 juillet dernier, dans un récent chapitre du conflit, les actionnaires minoritaires ont menacé de demander à la cour de condamner pour outrage au tribunal le promoteur Raymond Lessard, actionnaire de contrôle et «âme dirigeante» des firmes détenant la majorité des actions de Groupe Versant Immobilier Inc.

Ils se plaignent que la compagnie ne respecte pas une entente homologuée récemment par un juge et qui stipule que certains documents doivent leur être remis.

L'avocate des plaignants, Me Danielle Oiknine, n'a pas rappelé La Presse hier,

Me Pierre Martel, qui représente M. Lessard et les autres intimés, a dit que la menace ne l' «empêche pas de dormir» et qu'il faut prendre «l'enthousiasme de Me Oiknine» () «avec un sourire». Une requête en outrage au tribunal «serait assez ridicule».

Me Martel ajoute que les plaignants ont maintenant reçu toute la documentation qu'ils exigeaient.

M. Lessard a indiqué à La Presse qu'il ne ferait pas de déclarations.

Aussi bien MM. Vivian et Boughanmi que M. Lessard sont des habitués des tribunaux civils. M. Lessard a déposé des poursuites ou a lui-même été poursuivi par des associés, des professionnels, des citoyens ou des groupes dans presque tous ses projets depuis 2000.

Pour ce qui est des deux associés d'Invest-Immo, Robert Vivian et Abderrazak Boughanmi, ils cumulent en cour civile plus d'une soixantaine de recours depuis les années 90, selon la revue Finance et Investissements.