Les dirigeants de Power (T.POW) ont dû justifier ses intérêts en Birmanie, par l'entremise de la pétrolière française Total, lors de l'assemblée d'actionnaires, vendredi à Montréal.

Les dirigeants de Power [[|ticker sym='T.POW'|]] ont dû justifier ses intérêts en Birmanie, par l'entremise de la pétrolière française Total, lors de l'assemblée d'actionnaires, vendredi à Montréal.

D'autant plus qu'une proposition d'actionnaires critique à ce sujet, et présentée par une firme de fonds éthiques de Vancouver, a recueilli l'appui de 11% des votes exprimés à l'assemblée.

C'est un pourcentage faible à première vue mais qui suggère un malaise parmi des actionnaires de Power. En général, ce genre de proposition obtient un appui d'à peine 1 ou 2% des voix.

Le président du conseil et co-chef de la direction de Power, Paul Desmarais, jr, a manifesté son irritation envers ce vote lors d'un point de presse après l'assemblée.

«Franchement, un vote comme celui-là, ça traduit toute l'incompréhension sur le rôle de Total au Myanmar», a-t-il dit.

(Myanmar est le nom imposé à la Birmanie par la junte militaire et approuvé par l'ONU, mais encore rejeté par les principales démocraties industrialisées.)

«Les gens nous disent qu'à cause de ses activités au Myanmar, nous devions vendre nos actions de Total. D'autres nous demandent de débarquer de son conseil.

«Pourtant, en plus de ses projets pétroliers, Total joue un rôle important dans ce pays qui traverse des moments difficiles.

«Elle vient même d'annoncer 2 millions en aide d'urgence (après le cyclone) avec les organisations humanitaires comme la Croix-Rouge et le Croissant-Rouge. C'est autant que ce que le gouvernement canadien a fait jusqu'à maintenant! a souligné Paul Desmarais, jr.

«De plus, Total est très surveillée au Myanmar par des ONG internationales (organisations d'aide non gouvernementales). Vous pouvez être sûr que si Total avait des mauvais comportements, toutes les ONG le clameraient ouvertement. Or, ce n'est vraiment pas le cas.»

Power a un intérêt chez Total par l'entreprise de sa participation au capital du groupe européen Bruxelles Lambert, qui détient lui 3,9% de la pétrolière française.

Mais selon la direction de Power, son intérêt indirect dans Total revient à une «participation économique réelle» d'à peine un tiers d'un pour cent au capital de la pétrolière.

Malgré tout, cette participation a valu un siège au conseil d'administration de Total pour le président du conseil de Power.

«Nous n'avons qu'une infime part du capital de Total et nous siégeons au conseil où nous pouvons poser les bonnes questions.

Et jusqu'à maintenant, nous avons eu des réponses qui nous satisfont au point de vue éthique», a indiqué M. Desmarais, durant l'assemblée cette fois.

Depuis quelques années, Total est l'un des principaux investisseurs étrangers en Birmanie, où sévit une junte militaire très critiquée pour ses violations des droits de l'homme.

Selon la proposition présentée à l'assemblée par Christine Stevenson, de la firme Ethical Funds, la participation de Power dans Total pourrait contrevenir à la politique du gouvernement canadien envers la Birmanie.

Elle risquerait aussi de susciter contre Power des «campagnes de désinvestissement» menées par des organismes des droits de l'homme.

En fin de compte, la proposition d'Ethical Funds votée à 11% par les actionnaires de Power, malgré l'avis contraire des dirigeants, demande au conseil d'administration de préparer «d'ici octobre 2008» un rapport d'impact en cas de sanctions contre les investissements étrangers en Birmanie.

Devant les actionnaires, Paul Desmarais, jr a admis «être préoccupé de la situation au Myanmar, en particulier ces jours-ci».

Aussi, «nous demeurons informés des activités de Total et sommes confiants de son rôle de bon citoyen corporatif, en accord avec les politiques du Canada, de l'ONU et de la France.»

Par ailleurs, selon M. Desmarais, «si Total quittait le Myanmar, comme le demandent certains, elle serait remplacée par des entreprises beaucoup moins préoccupées de l'éthique».