Il faut dire que dans leur cas, les astres se sont parfaitement alignés au cours des derniers mois. Cependant, leur dynamisme a provoqué des occasions, de sorte qu'ils n'ont pas eu le temps de s'apitoyer sur leur sort très longtemps.

Il faut dire que dans leur cas, les astres se sont parfaitement alignés au cours des derniers mois. Cependant, leur dynamisme a provoqué des occasions, de sorte qu'ils n'ont pas eu le temps de s'apitoyer sur leur sort très longtemps.

En fait, le vendredi 8 février, M. Desbiens terminait son aventure de 21 ans à la Belgo. Le lundi suivant, il entreprenait une nouvelle vie à une autre papeterie d'AbitibiBowater... à Alma!

Sa femme ne s'est pas trop mal débrouillée également. En emploi au Centre fiscal du Canada de Shawinigan, elle a obtenu un transfert dans une unité de travail identique dans l'arrondissement Jonquière. Elle entrera en fonction en septembre.

En prime, les deux souhaitaient écouler leurs vieux jours au Lac-Saint-Jean, d'où M. Desbiens est originaire et où sa conjointe a étudié.

Leur rêve est simplement devancé d'une dizaine d'années. Ils construiront leur nouvelle maison cet été.

Bref, quand on dit que tout arrive toujours pour le mieux...

«Nous, on s'attendait à cette fermeture, même si personne n'y croyait», raconte Mme Lapointe.

«Même que mon conjoint avait déjà entrepris des démarches pour travailler ailleurs, en septembre. On avait prévu ce qui allait arriver, que les usines moins productives allaient fermer.»

«Je m'informe beaucoup dans le domaine des pâtes et papiers et je sentais que des fermetures s'en venaient, que Belgo en était à ses derniers milles», souligne M. Desbiens.

«L'annonce m'a fait mal, mais pas longtemps! Ça m'a fait de la peine pendant environ une semaine.»

Après les fêtes, M. Desbiens, un électrotechnicien, a manifesté son intérêt pour les divisions d'Amos et d'Alma. Une fois le poste obtenu au Lac-Saint-Jean, sa femme a pu obtenir un transfert sans trop de difficulté.

Le couple a deux enfants. Un garçon qui termine ses études à l'Université du Québec à Trois-Rivières et une fille qui entreprendra les siennes au cégep, à l'automne.

«Nous avons vécu un contexte parfait; ce n'est pas le cas de tout le monde», concède Mme Lapointe. «Mon plus gros stress, c'est de savoir où ma fille ira au cégep!»

Sans peur

M. Desbiens ne s'est pas trop posé la question à savoir s'il n'attirait pas le mauvais sort en retournant travailler dans un secteur toujours précaire, au sein d'une multinationale qui annoncera bientôt la deuxième phase de son plan de rationalisation.

«Je ne suis pas devin, mais Alma ne doit pas faire partie de la prochaine vague», mentionne-t-il.

«L'usine a fait de l'argent l'an dernier. Bien sûr, comme dans un couple, on ne peut jamais être à l'abri de rien, mais l'usine est bien positionnée.»

«De toute manière, des jobs durs comme du béton aujourd'hui, il n'y en a pas», ajoute l'homme de 48 ans.

«Je crois bien me rendre à la retraite à cette usine. Ils ont reçu des investissements de 500 millions $ depuis dix ans.»

Mme Lapointe considère qu'il ne faut pas perdre son temps dans les grandes analyses dans une situation semblable. Selon elle, il faut être prêt à vivre toutes sortes d'expériences pour éviter que s'installent les idées noires.

Originaire de Montréal, elle n'a pas craint de faire le tour du Québec depuis une trentaine d'années. Outre le Saguenay et la Mauricie, le destin a transporté le couple à Québec et à ... Gagnon au fil des ans.

«Quand il se produit des événements semblables, il faut être prêt à s'en aller de son bled», suggère-t-elle.

«Si on refuse de faire ça, on passe à côté de quelque chose. Mon conjoint a été chanceux, puisqu'il y en a quatre de la Belgo qui ont refusé un des deux postes disponibles à Alma avant qu'on lui demande.»

«Si on ne prend pas de chance, on ne bouge pas», ajoute-t-elle. «À un moment donné, il faut foncer. Quand on rumine, il ne peut pas se passer grand-chose!»

Visiblement heureux de la tournure des événements pour sa famille, M. Desbiens conserve tout de même une petite pensée pour ses anciens compagnons.

«Je souhaite que les gens se trouvent un travail à la hauteur de leur talent», mentionne-t-il.

«À la Belgo, on était reconnu pour avoir une main-d'oeuvre très qualifiée.»

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