Les entreprises comme Vidéotron qui souhaitent se lancer dans la téléphonie sans fil devront absolument bâtir leurs propres réseaux avant de bénéficier de «l'itinérance» sur ceux de leurs concurrents, vient de préciser Industrie Canada.

Les entreprises comme Vidéotron qui souhaitent se lancer dans la téléphonie sans fil devront absolument bâtir leurs propres réseaux avant de bénéficier de «l'itinérance» sur ceux de leurs concurrents, vient de préciser Industrie Canada.

Deux des trois fournisseurs dominants -Bell et Telus- ont poussé un soupir de soulagement jeudi après cette annonce.

Le titre de Rogers a pour sa part enregistré son plus fort gain en sept mois à Toronto, pour clôturer à 39,55$, en hausse de 3,8%.

«Il s'agit d'une bonne nouvelle pour les entreprises titulaires (particulièrement Rogers), car elle retardera le lancement du service des nouveaux entrants», a indiqué dans un rapport l'analyste Jeffrey Fan, de la firme UBS.

La clarification d'Industrie Canada survient à quelques jours du début des enchères où seront mises en vente de nouvelles fréquences sans fil.

Le spectre ainsi libéré permettra aux fournisseurs d'offrir plus de services de nouvelle génération et un accès plus rapide pour les téléphones cellulaires et autres BlackBerry.

Colère

Le gouvernement a décidé en novembre de réserver une partie des fréquences sans fil pour les «nouveaux entrants», comme Vidéotron ou MTS Allstream, ce qui avait soulevé l'ire des trois principaux fournisseurs.

Bell, Telus et Rogers n'ont jamais digéré que le gouvernement les oblige à permettre l'itinérance sur leurs réseaux à ces nouveaux venus. Les précisions apportées mercredi soir ont toutefois calmé leurs esprits.

L'itinérance -qui permet aux clients d'un fournisseur d'obtenir un signal cellulaire hors de leur zone d'attache- demeurera obligatoire, a décrété Industrie Canada, mais seulement à certaines conditions.

Les nouveaux entrants devront ainsi bâtir leurs propres réseaux (incluant des antennes et plusieurs autres équipements), dans leur territoire donné, avant de pouvoir utiliser le réseau des autres. La revente sera aussi exclue.

«Ça vient réaffirmer l'esprit de la politique gouvernement, soit une concurrence basée sur les installations», a fait valoir à La Presse Affaires Michael Hennessy, vice-président politique, large bande et vidéo, de Telus.

«À ce moment-ci, nous pouvons seulement dire qu'il s'agit d'un signe positif qu'Industrie Canada compte se fier aux forces du marché pour les enchères», a pour sa part indiqué la porte-parole de Bell, Jacqueline Michelis.

Même si elles mettront quelques bâtons dans les roues des nouveaux entrants, les précisions apportées par Industrie Canada «ne devraient pas décourager» Vidéotron et MTS de tenter d'obtenir des licences, selon l'analyste Robert Bek, de CIBC Marchés mondiaux.

Vidéotron a déjà annoncé son projet d'investir 500 millions dans le sans-fil. Pierre Karl Péladeau, grand patron de la maison mère Quebecor, a même réitéré mardi son désir de lancer un réseau national, qui pourrait être plus coûteux. L'entreprise est en discussions avec des partenaires éventuels.

Isabelle Dessureault, porte-parole de Vidéotron, a refusé de commenter les derniers développements jeudi.

Industrie Canada annoncera aujourd'hui les règles définitives de la mise aux enchères. La liste des entreprises intéressées sera connue le 14 mars, et les noms des soumissionnaires qualifiés seront rendus publics le 31 mars. La vente aura lieu le 27 mai.